Partir en vacances pour
l'Australie ? Et pour quoi faire ? Le voyage est trop long
(entre Paris et Sydney, Melbourne ou encore Adélaïde, il faut
compter environs vingt heures de vol plus les escales), et le billet
coûte trop cher (entre mille et mille six-cent euros). En plus, il
peut arriver que sur place, on tombe sur un type du gabarit de Mick
Taylor, un tueur de vermine qui s'en prend aussi facilement aux
humains qu'aux animaux. Ses armes de prédilections : une
carabine à lunette et un couteau de chasse dont la lame est aussi
affûtée que celle d'un rasoir. Se comportant d'abord avec une
certaine bonhomie, celui qui peut désormais être considéré comme
le plus célèbre tueur en série australien du septième art et du
plus petit continent de notre planète revient dans un nouveau
format. Au choix, on pourra considérer, comme cela est
officiellement le cas, Wolf Creek comme une mini-série
de six épisodes, ou bien alors comme un long-métrage découpé en
autant de parties et dont l'addition procurera le vertige auprès des
fans qui ont su apprécier les talents de chasseur de Mick Taylor,
aka l'excellent acteur australien John Jarratt. Son personnage, le
spectateur pourra aisément le comparer à un grand croquemitaine
rendu célèbre pour avoir tué des adolescents dans leurs rêves,
mais sans ses affreuses brûlures, et sans ses griffes acérées...
La première saison dans
son intégralité dure à peu de choses près environ quatre heure et
quarante-cinq minutes. Libre au spectateur de la dévorer d'une seule
traite ou bien de regarder chaque épisode indépendamment les uns
des autres. Ou bien deux par deux. Ou trois par trois, comme j'ai
personnellement choisi de le faire. Comme deux longs-métrage d'une
durée équivalente et d'un peu plus de deux heures. Soit, ce que
l'on aurait pu imaginer comme étant les troisième et quatrième
long-métrage cinéma, en attendant que Greg McLean se décide enfin
à tourner la suite des aventures de Mick Taylor sur grand écran. En
allongeant la durée de ce récit tournant autour d'une adolescente
dont père, mère et frère ont été massacrés par le tueur en
série, les réalisateur Greg McLean et Tony Wise prenaient le risque
d'imprimer à cette saison, un rythme beaucoup moins soutenu que
celui des deux longs-métrages sortis en 2005 et 2015 au cinéma. Et
il est vrai que la première saison de Wolf Creek connaît
parfois quelques ventres mous. Mais une fois que le style est
parfaitement acquis par le spectateur (ce qui pourra prendre un
épisode tout entier), les nouvelles (et pour l'instant, discrètes)
pérégrinations de Mick Taylor vont se faire de plus en plus
passionnantes. Mais pas seulement celles du charismatique chasseur de
cochons sauvages, mais également celles de l'actrice Lucy Fry qui
dans la peau d'Eve Thorogood, incarne avec autant de précision et de
talent, une adolescente passant du statut de victime, à celui de
vengeresse. Un chassé-croisé le long duquel on se demande en
réalité qui des deux personnages centraux chasse l'autre.
« Quoi
qu'il arrive, tu ne le battra pas... »
Au
milieu de ce duel à la dimension géographique stupéfiante (le
cadre désertique est immense), on retrouve le personnage de Sullivan
Hill, incarné par l'acteur australien Dustin Clare, et qui dans la
peau d'un flic semble être l'un des rares représentants de son
pays, ou du moins de la région de l'Outback, à avoir conservé
toute sa tête et son intégrité. Car l'un des immenses pouvoirs
d'attraction de cette première saison se situe dans le portrait
effarant créé de toutes pièces par les scénaristes Peter Gawler
et Felicity Packard, des autochtones du coin. Des rednecks
à la sauce australienne. Des bouseux, mal éduqués, habillés comme
des sacs, suintant le stupre, la sueur et la crasse et que l'on
aurait pu retrouver dans l'un de ces nombreux 'rednecks
movies'
chers aux années 70 et en provenance des États-Unis. Le spectateur
retient sans doute surtout le personnage de Jesus, malheureusement
insuffisamment exploité. Plus que l'attente d'un affrontement entre
le tueur et la victime qui lui a échappé, c'est donc cet arrière
pays dégénéré qui fascine. Ce désert implacable servant de
terrain de jeu à un homme qui tue sans distinction d'âge ou de sexe
nombre de ses concitoyens. Car pour une fois, on assiste à quelques
homicides touchant non plus de simples touristes mais des habitants
du coin. Contraint ou pas, le tueur use toujours de la même
technique héritée sans doute de l'armée ou de l'un de ses ancêtres
chasseur de kangourous.
Cette première saison est une belle réussite
qui laisse présager le meilleur pour la suite. John Jarratt est
toujours aussi impressionnant. Lucy Fry, elle, se fond parfaitement
dans la peau d'une Eve s'émancipant. Déterminée à en finir avec
l'assassin de ses proches, on la découvre passant du statut
d'adolescente à problèmes à une jeune femme mûre, mais aussi
consciente des risques insensés qu'elle prend en chassant Taylor. A
ce titre, Wolf Creek
conserve un certain sens du réalisme et ne transforme pas son
actrice en super-héroïne investie de pouvoirs corporels
exceptionnels. En espérant que la seconde saison qui devrait mettre
en scène un car de touristes face à Mick Taylor, savourez-donc
cette première incartade du célèbre tueur en série sur petit
écran.
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