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samedi 7 avril 2018

Wolf Creek - saison 1 de Greg McLean et Tony Wise (2016)



Partir en vacances pour l'Australie ? Et pour quoi faire ? Le voyage est trop long (entre Paris et Sydney, Melbourne ou encore Adélaïde, il faut compter environs vingt heures de vol plus les escales), et le billet coûte trop cher (entre mille et mille six-cent euros). En plus, il peut arriver que sur place, on tombe sur un type du gabarit de Mick Taylor, un tueur de vermine qui s'en prend aussi facilement aux humains qu'aux animaux. Ses armes de prédilections : une carabine à lunette et un couteau de chasse dont la lame est aussi affûtée que celle d'un rasoir. Se comportant d'abord avec une certaine bonhomie, celui qui peut désormais être considéré comme le plus célèbre tueur en série australien du septième art et du plus petit continent de notre planète revient dans un nouveau format. Au choix, on pourra considérer, comme cela est officiellement le cas, Wolf Creek comme une mini-série de six épisodes, ou bien alors comme un long-métrage découpé en autant de parties et dont l'addition procurera le vertige auprès des fans qui ont su apprécier les talents de chasseur de Mick Taylor, aka l'excellent acteur australien John Jarratt. Son personnage, le spectateur pourra aisément le comparer à un grand croquemitaine rendu célèbre pour avoir tué des adolescents dans leurs rêves, mais sans ses affreuses brûlures, et sans ses griffes acérées...

La première saison dans son intégralité dure à peu de choses près environ quatre heure et quarante-cinq minutes. Libre au spectateur de la dévorer d'une seule traite ou bien de regarder chaque épisode indépendamment les uns des autres. Ou bien deux par deux. Ou trois par trois, comme j'ai personnellement choisi de le faire. Comme deux longs-métrage d'une durée équivalente et d'un peu plus de deux heures. Soit, ce que l'on aurait pu imaginer comme étant les troisième et quatrième long-métrage cinéma, en attendant que Greg McLean se décide enfin à tourner la suite des aventures de Mick Taylor sur grand écran. En allongeant la durée de ce récit tournant autour d'une adolescente dont père, mère et frère ont été massacrés par le tueur en série, les réalisateur Greg McLean et Tony Wise prenaient le risque d'imprimer à cette saison, un rythme beaucoup moins soutenu que celui des deux longs-métrages sortis en 2005 et 2015 au cinéma. Et il est vrai que la première saison de Wolf Creek connaît parfois quelques ventres mous. Mais une fois que le style est parfaitement acquis par le spectateur (ce qui pourra prendre un épisode tout entier), les nouvelles (et pour l'instant, discrètes) pérégrinations de Mick Taylor vont se faire de plus en plus passionnantes. Mais pas seulement celles du charismatique chasseur de cochons sauvages, mais également celles de l'actrice Lucy Fry qui dans la peau d'Eve Thorogood, incarne avec autant de précision et de talent, une adolescente passant du statut de victime, à celui de vengeresse. Un chassé-croisé le long duquel on se demande en réalité qui des deux personnages centraux chasse l'autre.

« Quoi qu'il arrive, tu ne le battra pas... »

Au milieu de ce duel à la dimension géographique stupéfiante (le cadre désertique est immense), on retrouve le personnage de Sullivan Hill, incarné par l'acteur australien Dustin Clare, et qui dans la peau d'un flic semble être l'un des rares représentants de son pays, ou du moins de la région de l'Outback, à avoir conservé toute sa tête et son intégrité. Car l'un des immenses pouvoirs d'attraction de cette première saison se situe dans le portrait effarant créé de toutes pièces par les scénaristes Peter Gawler et Felicity Packard, des autochtones du coin. Des rednecks à la sauce australienne. Des bouseux, mal éduqués, habillés comme des sacs, suintant le stupre, la sueur et la crasse et que l'on aurait pu retrouver dans l'un de ces nombreux 'rednecks movies' chers aux années 70 et en provenance des États-Unis. Le spectateur retient sans doute surtout le personnage de Jesus, malheureusement insuffisamment exploité. Plus que l'attente d'un affrontement entre le tueur et la victime qui lui a échappé, c'est donc cet arrière pays dégénéré qui fascine. Ce désert implacable servant de terrain de jeu à un homme qui tue sans distinction d'âge ou de sexe nombre de ses concitoyens. Car pour une fois, on assiste à quelques homicides touchant non plus de simples touristes mais des habitants du coin. Contraint ou pas, le tueur use toujours de la même technique héritée sans doute de l'armée ou de l'un de ses ancêtres chasseur de kangourous. 
Cette première saison est une belle réussite qui laisse présager le meilleur pour la suite. John Jarratt est toujours aussi impressionnant. Lucy Fry, elle, se fond parfaitement dans la peau d'une Eve s'émancipant. Déterminée à en finir avec l'assassin de ses proches, on la découvre passant du statut d'adolescente à problèmes à une jeune femme mûre, mais aussi consciente des risques insensés qu'elle prend en chassant Taylor. A ce titre, Wolf Creek conserve un certain sens du réalisme et ne transforme pas son actrice en super-héroïne investie de pouvoirs corporels exceptionnels. En espérant que la seconde saison qui devrait mettre en scène un car de touristes face à Mick Taylor, savourez-donc cette première incartade du célèbre tueur en série sur petit écran.

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