Rêves lucides et voyages
astraux sont des concepts ésotériques que certains ont acquis
depuis longtemps dans leur mode de pensée, d'expression et de vie.
Une attitude que l'on rapprochera de la réincarnation et qui par
conséquent, et pour une seconde partie des spectateurs relativement
cartésiens, se situe plus probablement dans un contexte fantastique
que dans d'éventuelles acquisitions de certaines sciences
cognitives. Si tel ne semble pas être tout d'abord le sujet de cette
étonnante série qu'est Mon Amie Adèle
que propose actuellement la plate-forme Netflix,
rêves lucides et voyages astraux vont cependant avoir un impact très
important sur la somme d'événements qui vont se dérouler durant
les six épisodes que dure cette mini-série britannique. Créé par
Steve Lightfoot (Hannibal,
Narcos,
The Punisher),
Mon Amie Adèle
met en scène un carré de personnages au centre d'une intrigue au
suspens diabolique. Traduit du titre anglais Behind
Her Eyes
lui-même adapté du roman éponyme de l'écrivain britannique Sarah
Pinborough spécialisée dans l'horreur et la fantasy, la mini-série
y prend un sens bien différent lorsque dans sa version originale, le
titre reflète tout ou partie du caractère ambigu de l'une des
héroïne qui donne son nom à sa traduction française...
L'Adèle
en question, qui derrière son joli minois, sa douceur, son sourire
et son amour pour celui qu'elle aime et qu'elle a choisi comme époux
voilà dix ans, est peut-être une manipulatrice digne des plus
grandes harceleuses du septième art. Une jeune femme que l'on
rangera sans doute tout d'abord aux côtés d'Alexandra Forrest de
Liaison Fatale
(Adrian Lyne, 1987) ou d'Evelyn Draper de Un
Frisson dans la Nuit
(Clint Eastwood, 1971) avant de nous rendre compte que la
personnalité de cette jeune femme est beaucoup plus complexe à
aborder que celle de ses folles aînées. Si l'année dernière
Netflix
nous offrit le joyau Le Jeu de la Dame
(Scott Frank et Allan Scott), en 2021, il faudra compter en 2021 avec
Simona Brown, Tom Bateman, Robert Aramayo, mais plus encore Eve
Hewson qui incarne Adèle. Cette jeune femme aussi troublante
qu'inquiétante. Une personnalité complexe et ambiguë, dotée de
''pouvoirs cognitifs'' relativement spectaculaires qui pourront
autant séduire une partie des téléspectateurs ouverts à la
question des rêves lucides et des voyages astraux que ''plomber le
moral'' de certains au point de les convaincre que Mon
Amie Adèle n'est
peut-être plus déjà LA série de l'année...
Pour
bien comprendre les enjeux de cette mini-série, il faut se plonger
dans le contexte. Voguant entre passé et présent, Mon
Amie Adèle
se situe à Londres, dans un quartier où, comme le dira Adèle, tout
le monde se connaît. Installée depuis peu avec son époux David
qu'incarne un Tom Bateman tout aussi déstabilisant qu'elle peut
l'être, la jeune femme fait par accident la connaissance de Louise,
secrétaire médicale qui travaille dans un cabinet de psychiatres.
Ce que la jeune épouse ne sait pas, c'est que Louise et David se
sont rencontrés dans une boite de nuit, ont échangé quelques
paroles et bu ensemble avant de s'embrasser à la sortie de la boite.
Un accident qu'ils voudraient tous les deux oublier. Surtout lorsque
les jours suivants, ils apprennent tous les deux qu'ils vont devoir
travailler ensemble. En effet, si Louise est secrétaire, c'est
désormais pour le compte de David qui avec Adèle vient juste de
s'installer à Londres. Un déménagement précipité qui participe à
l'étrange affaire qui intéressera nos trois personnages ainsi que
Rob, quatrième ''héros'' d'un récit parcouru d'authentiques
instants de frissons. Rob, ce jeune drogué qui parcours le récit
lors des phases de flash-back. Sans doute le personnage le plus
touchant et qui aux côtés de Louise personnifie l'exact contraire
du caractère que compose le couple David-Adèle...
L'une
des grandes forces de Mon Amie Adèle
est cette contrainte perpétuelle qui confronte le téléspectateurs
aux questions qu'il se pose. Sans jamais nous livrer les clés
définitives d'une intrigue où se mêlent jalousie maladive,
persécution, amour, sexe, thriller et... fantastique, la mini-série
distille au compte-goutte un scénario aussi diabolique que
dérangeant. Eve Hewson est époustouflante dans le rôle d'Adèle.
Robert Aramayo est touchant dans celui de Rob. Tom Bateman, par
l'entremise de celle qui épousa son personnage, s'avère plus ambigu
que de mesure. Quant à Simona Brown, elle porte littéralement le
personnage de Louise vers les cimes d'une émancipation dont elle
avait certainement besoin pour se détacher de ce couple qui
apparaîtra tout d'abord comme pervers. Le fond du problème de Mon
Amie Adèle
se situe dans l'apparente clarté du récit. Cependant, il ne faut,
comme le consacre l'expression, surtout pas se fier aux apparences.
Si tout semble avoir été écrit à l'avance, il faudra pourtant
patienter jusqu'au dernier instant pour comprendre les véritables
enjeux de ce qui s'apparente parfois à une véritable torture
émotionnelle pour le spectateur. Mais Mon Amie
Adèle
est loin d'être parfait. Toujours cette approche ''fantastique'' des
événements qui ''pollue'' certainement un récit qui se retrouve
piégé dans sa dernière phase (ridicule?) lors de laquelle on
découvre enfin toute la vérité. Mais ne boudons pas notre plaisir.
En effet, la mini-série de Steve Lightfoot est une franche réussite
qui se regarde d'un trait, superbement interprété et sans
temps-morts...
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