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dimanche 21 février 2021

Mon Amie Adèle de Steve Lightfoot (2021) - ★★★★★★★★☆☆

 



Rêves lucides et voyages astraux sont des concepts ésotériques que certains ont acquis depuis longtemps dans leur mode de pensée, d'expression et de vie. Une attitude que l'on rapprochera de la réincarnation et qui par conséquent, et pour une seconde partie des spectateurs relativement cartésiens, se situe plus probablement dans un contexte fantastique que dans d'éventuelles acquisitions de certaines sciences cognitives. Si tel ne semble pas être tout d'abord le sujet de cette étonnante série qu'est Mon Amie Adèle que propose actuellement la plate-forme Netflix, rêves lucides et voyages astraux vont cependant avoir un impact très important sur la somme d'événements qui vont se dérouler durant les six épisodes que dure cette mini-série britannique. Créé par Steve Lightfoot (Hannibal, Narcos, The Punisher), Mon Amie Adèle met en scène un carré de personnages au centre d'une intrigue au suspens diabolique. Traduit du titre anglais Behind Her Eyes lui-même adapté du roman éponyme de l'écrivain britannique Sarah Pinborough spécialisée dans l'horreur et la fantasy, la mini-série y prend un sens bien différent lorsque dans sa version originale, le titre reflète tout ou partie du caractère ambigu de l'une des héroïne qui donne son nom à sa traduction française...


L'Adèle en question, qui derrière son joli minois, sa douceur, son sourire et son amour pour celui qu'elle aime et qu'elle a choisi comme époux voilà dix ans, est peut-être une manipulatrice digne des plus grandes harceleuses du septième art. Une jeune femme que l'on rangera sans doute tout d'abord aux côtés d'Alexandra Forrest de Liaison Fatale (Adrian Lyne, 1987) ou d'Evelyn Draper de Un Frisson dans la Nuit (Clint Eastwood, 1971) avant de nous rendre compte que la personnalité de cette jeune femme est beaucoup plus complexe à aborder que celle de ses folles aînées. Si l'année dernière Netflix nous offrit le joyau Le Jeu de la Dame (Scott Frank et Allan Scott), en 2021, il faudra compter en 2021 avec Simona Brown, Tom Bateman, Robert Aramayo, mais plus encore Eve Hewson qui incarne Adèle. Cette jeune femme aussi troublante qu'inquiétante. Une personnalité complexe et ambiguë, dotée de ''pouvoirs cognitifs'' relativement spectaculaires qui pourront autant séduire une partie des téléspectateurs ouverts à la question des rêves lucides et des voyages astraux que ''plomber le moral'' de certains au point de les convaincre que Mon Amie Adèle n'est peut-être plus déjà LA série de l'année...


Pour bien comprendre les enjeux de cette mini-série, il faut se plonger dans le contexte. Voguant entre passé et présent, Mon Amie Adèle se situe à Londres, dans un quartier où, comme le dira Adèle, tout le monde se connaît. Installée depuis peu avec son époux David qu'incarne un Tom Bateman tout aussi déstabilisant qu'elle peut l'être, la jeune femme fait par accident la connaissance de Louise, secrétaire médicale qui travaille dans un cabinet de psychiatres. Ce que la jeune épouse ne sait pas, c'est que Louise et David se sont rencontrés dans une boite de nuit, ont échangé quelques paroles et bu ensemble avant de s'embrasser à la sortie de la boite. Un accident qu'ils voudraient tous les deux oublier. Surtout lorsque les jours suivants, ils apprennent tous les deux qu'ils vont devoir travailler ensemble. En effet, si Louise est secrétaire, c'est désormais pour le compte de David qui avec Adèle vient juste de s'installer à Londres. Un déménagement précipité qui participe à l'étrange affaire qui intéressera nos trois personnages ainsi que Rob, quatrième ''héros'' d'un récit parcouru d'authentiques instants de frissons. Rob, ce jeune drogué qui parcours le récit lors des phases de flash-back. Sans doute le personnage le plus touchant et qui aux côtés de Louise personnifie l'exact contraire du caractère que compose le couple David-Adèle...


L'une des grandes forces de Mon Amie Adèle est cette contrainte perpétuelle qui confronte le téléspectateurs aux questions qu'il se pose. Sans jamais nous livrer les clés définitives d'une intrigue où se mêlent jalousie maladive, persécution, amour, sexe, thriller et... fantastique, la mini-série distille au compte-goutte un scénario aussi diabolique que dérangeant. Eve Hewson est époustouflante dans le rôle d'Adèle. Robert Aramayo est touchant dans celui de Rob. Tom Bateman, par l'entremise de celle qui épousa son personnage, s'avère plus ambigu que de mesure. Quant à Simona Brown, elle porte littéralement le personnage de Louise vers les cimes d'une émancipation dont elle avait certainement besoin pour se détacher de ce couple qui apparaîtra tout d'abord comme pervers. Le fond du problème de Mon Amie Adèle se situe dans l'apparente clarté du récit. Cependant, il ne faut, comme le consacre l'expression, surtout pas se fier aux apparences. Si tout semble avoir été écrit à l'avance, il faudra pourtant patienter jusqu'au dernier instant pour comprendre les véritables enjeux de ce qui s'apparente parfois à une véritable torture émotionnelle pour le spectateur. Mais Mon Amie Adèle est loin d'être parfait. Toujours cette approche ''fantastique'' des événements qui ''pollue'' certainement un récit qui se retrouve piégé dans sa dernière phase (ridicule?) lors de laquelle on découvre enfin toute la vérité. Mais ne boudons pas notre plaisir. En effet, la mini-série de Steve Lightfoot est une franche réussite qui se regarde d'un trait, superbement interprété et sans temps-morts...


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