Mots-clés

dimanche 21 mai 2023

A Cold Night's Death de Jerrold Freedman (1973) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Comment débuter cet article sans évoquer le chef-d’œuvre de John Carpenter, The Thing ? Si de prime abord ce classique de la science-fiction horrifique américaine ne semble entretenir aucun rapport avec A Cold Night's Death de Jerrold Freedman, ceux qui connaissent bien le remake de The Thing from Another World de Christian Nyby qui lui-même était déjà l'adaptation sur grand écran du roman de John W. Campbell, Who Goes There ? savent de quoi je parle. Du climat perpétuellement enneigé, de cette station de recherches balayée par des vents glacials, de cette mystérieuse créature venue d'une autre planète qui décima la quasi totalité des personnages, de cette troublante ambiance de paranoïa qui les contamina jusqu'aux cerniers d'entre eux. Dès les premiers instants, le téléfilm de Jerrold Freedman évoque ostensiblement l’œuvre de John Carpenter. Ici, les chimpanzés remplacent les chiens de traîneau. Mais l'on s'y détend tout comme dans The thing en jouant au billard et dehors, la neige recouvre aussi le décor extérieur de son blanc manteau. Les douze scientifiques, mécaniciens, médecins, biologistes, météorologues (et j'en passe) sont par contre ici remplacés par deux personnages seulement. Un troisième débarque en début de récit mais disparaît rapidement pour laisser seuls Robert Jones et Frank Enari se confronter non seulement entre eux, mais avec les étranges événements qui vont se dérouler durant leur séjour à l'intérieur de la station Tower Mountain. Un site de recherches comportementales qu'ils sont d'abord chargés d'investir après que le résident d'origine ait coupé toutes communications avec les responsables du projet. Sur place, les deux hommes découvrent un spectacle plutôt sinistre : le corps de l'homme en question, congelé, figé dans une attitude de frayeur qu'ils ne s'expliquent pas. Une séquence qui là encore, rappelle la rencontre de R. J. MacReady, le héros de The Thing incarné à l'écran par Kurt Russell, avec l'un des pensionnaires mort d'un site de recherches norvégien. Et ça continue, puisque dorénavant, et même si aucune créature venue d'un autre monde ne s'affichera à l'écran, là encore, ou plutôt, bien des années avant John Carpenter, Jerrold Freedman imprime à ce téléfilm écrit par Christopher Knopf un climat de suspicion et de paranoïa qui ne calmera ses ardeurs qu'une fois le récit achevé...


Car oui, il faudra patienter jusque dans les toutes dernières secondes pour découvrir le fin mot de l'histoire. Mais avant cela, le spectateur aura tout loisir de voir s'installer un climat délétère entre deux protagonistes interprétés par les excellents Robert Culp et Eli Wallach. Le premier aura notamment brillé dans la série Les espions et aura été par trois fois l'assassin dans la série culte Columbo. Quant au second, on se souviendra notamment de sa participation au western spaghetti de Sergio Leone Le Bon, la Brute et le Truand en 1966. Ils incarnent donc dans le cas présent, les personnages de Robert Jones et de Frank Enari. Le premier paraît avoir un net ascendant sur le second. Moins prosaïque que Frank, Robert montre un intérêt certain pour tout ce qui sort de l'ordinaire et s'ennuie donc très rapidement lorsqu'il lui semble que Frank et lui ont résolu le mystère entourant la mort de l'ancien résident de la station. Sauf que certains éléments troublants vont générer une foule de questions et surtout engendrer toute une série de conséquences sur le moral et le comportement des deux hommes. Ici, nul besoin de créature monstrueuse pour faire monter la sauce. Seul le talent ou presque des deux interprètes suffit à faire monter l'angoisse à un degré rarement atteint. Surtout s'agissant du petit écran. Sobre, la mise en scène de Jerrold Freedman est un modèle du genre. Reposant sur l'unique prestation de ses deux acteurs, sur l'environnement hautement anxiogène et claustrophobique et sur la partition musicale électronique et expérimentale de Gil Melle, A Cold Night's Death fait vraiment flipper. Il est d'ailleurs facile d'imaginer le pire grâce à un environnement où les températures avoisinent les moins vingt-cinq. L'on passe son temps à se demander qui des deux hommes perdra la tête le premier et si, d'ailleurs, tel sera le cas. L'un des deux devient-il fou ? Raisonne-t-il de manière cohérente ? Ou cache-t-il un sombre projet ? Notons que le téléfilm fut diffusé sur la regrettée chaîne La Cinq qui ne vécut que six années et qui, au hasard, fut à l'origine de la mythique émission Les accords du Diable présentée par Sangria et lors de laquelle fut justement diffusé le téléfilm sous le titre Terreur dans la montagne le 4 juillet 1988. Enfin, pour celles et ceux qui voudraient découvrir ce dernier (dans un confort visuel plutôt médiocre malgré tout), sachez qu'il est disponible sur Youtube en version française...

 

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...