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mardi 21 mai 2024

Fiasco de Igor Gotesman et Pierre Niney (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Après m'être fais un avis définitif sur l'infâme série de CANAL+ Terminal, j'étais prêt à rendre les armes et à ne plus m'intéresser à aucun produit humoristique français. Entre des longs-métrages cinématographiques qui en grande majorité sont d'immondes purges et cette erreur temporelle (renvoyant à la série H qui elle possédait au moins quelques mérites) que fut la série créée par AZ, Giulio Callegari et Andréas Georgiou, il aura fallut l'intervention de ma compagne pour réussir à me convaincre de jeter un œil sur celle d'Igor Gotesman et Pierre Niney, Fiasco. Si Terminal était un symptôme, la mini-série humoristique française diffusée sur la plate-forme Netflix en est le remède. Ou comment passer du pire produit de consommation, écrit avec les pieds, interprété avec l'entrain d'un banc de mollusques neurasthéniques, à destination d'un public à l'encéphalogramme plat, à une série qui démontre que l'art de la création est encore possible dans le domaine de la comédie française. Bon après, tout est bien évidemment histoire de (dé)goût. Certains se demanderont sans doute qui je suis pour prétendre que Fiasco vaut mieux que Terminal, et ils auront bien raison. Toujours est-il qu'en l'espace de quatre heures trente environ, découpées en sept épisodes, c'est tout l'humour de l'acteur, réalisateur et scénariste Igor Gotesman que l'on retrouve à travers cette mise en abyme du septième art. Pour ne citer que ce seul exemple, si vous avez aimé ou même adoré Five qu'il réalisa en 2016, sa nouvelle série est faite pour vous. Aucun problème, vous pouvez traverser la rue les yeux fermés pour vous rendre devant l'enseigne Netflix si couramment méprisée (sans doute par effet de mode). Comme quoi... Il n'est pourtant pas impossible que ceux qui dégueulèrent très couramment sur l’œuvre de Patrick Sébastien du temps de sa grande période soient justement ceux qui conspueront également cette série conjointement écrite entre Igor Gotesman et l'acteur Pierre Niney. Un Pierre Niney qui, fruit du hasard ou non, avait l'année passée incarné le rôle principal du dernier long-métrage de Michel Gondry Le Livre des solutions dans lequel il interprétait déjà le rôle d'un cinéaste en plein désarroi lors du tournage de son dernier film. Plus légère, parfois plus vulgaire aussi, la mini-série fait probablement moins appel à l'imagination dans sa forme. Une forme propre au cinéma d'un Michel Gondry qui s'est malgré tout assagi.


Concernant Fiasco, rien ne semble plus évidente que la mise en scène d'Igor Gotesman. Tout l'intérêt ou presque contenant dans la multitude de gags, lesquels s'enchaînent à une vitesse folle et sans discontinuer. Réalisateur et scénariste se penchent tout deux sur Raphaël Valande, fils de paysans dont le rêve a toujours été de faire du cinéma malgré le dénigrement continuel de ses proches. Son projet : réaliser un film inspiré par les actes héroïques de sa grand-mère Huguette (irrésistible Marie-Christine Barrault en véritable peau de vache) durant la seconde guerre mondiale. En effet, celle-ci sauva la vie de nombreux juifs en les abritant chez elle au péril de sa vie. Pour incarner la valeureuse résistante dans le biopic consacré à son ancêtre, Raphaël engage la jolie Ingrid Flamenbaum (Leslie Medina) dont il est secrètement amoureux depuis ses quatorze ans. Produit par Jean-Marc Torrosian (Pascal Demolon) et son ex-épouse Nora Zelmati (Évelyne El Garby-Klaï), le tournage va connaître énormément de problèmes. Les auteurs de Fiasco vont tout d'abord jouer avec le phénomène Meeto, puis faire intervenir un Corbeau, pousser Nora a abandonner l'aventure et à reprendre ses billes, intégrer au projet un faux producteur (François Civil dans le double rôle de Tom et Bartabé) tout cela au sein d'une équipe de tournage et d'interprètes qui vont eux-mêmes être témoins directs ou indirects des épreuves que devront surmonter Raphaël et toute l'équipe. Notons la présence de Vincent Cassel dans le rôle hautement jouissif de Robin Jacomet, l'acteur principal du projet. Au-delà des punchlines, des dialogues et des gags, Fiasco interroge sur certains phénomènes de société comme cité plus haut Meeto, mais également celui concernant les réseaux sociaux, l'image que renvoient les célébrités, l'importance certaines exigences propres aux producteurs, tout en les enrobant d'une pleine couche d'autodérision. Certains seconds rôles participent gaiement aux festivités, à l'image de Louise Coldefy dans le rôle de la maquilleuse à la mauvaise haleine, Ludivine que le réalisateur emploie à nouveau après Five en 2016 et la série Family Business entre 2019 et 2021. On pense également à Djimo, lequel incarne le cantinier Karim dont personne ne veut manger les plats. Fiasco est donc une mini-série très riche, très généreuse, pas toujours très fine mais bon dieu, qu'est-ce qu'on rigole...

 

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