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samedi 12 avril 2025

Black Mirror - Saison 7 - Episode 1 - Des gens ordinaires (Common Peope) d'Ally Pankiw (2025) - ★★★★★★★★★★

 


 

Après une sixième saison catastrophique dont certains épisodes n'entretenaient que de très lointains rapports avec le concept d'origine, Charlie Brooker est enfin parvenu à raccorder la septième à l'esprit d'origine. Cette science-fiction dystopique glaçante qui parfois, à travers le temps, a su démontrer qu'elle n'avait rien d'absurde et entrait dans une logique futuriste présente désormais à nos portes. De la plus remarquable des manières, le premier épisode de la nouvelle saison diffusée depuis le 10 avril dernier sur la plate-forme Netflix restera sans doute dans les mémoires comme l'un des plus forts, les plus durs et les plus émouvants qu'a su créer le scénariste britannique. Dans Des gens ordinaires, il n'est plus simplement question de la Mort mais aussi de la Vie. Celle que les protagonistes du récit entretiennent ici à coup de centaines et de milliers de dollars. Très subtilement incarnés par Rashida Jones et Chris O'Dowd, l'épisode nous présente Amanda et Mike. Un couple amoureux qui prévoit de fêter son anniversaire de mariage jusqu'au moment où la jeune femme, une institutrice, tombe dans le coma. Le verdict est sans appel. On annonce à Mike que son épouse ne s'en remettra pas. C'est alors que ce chef de chantier rencontre Gaynor. Employée d'une start-up médicale, celle-ci présente à notre homme désemparé un projet expérimental du nom de Rivermind basé sur des connexions entre un serveur et le cerveau humain. Ce qui permettrait à Amanda de retrouver ses fonctions cognitives et ainsi reprendre une vie normale au sein de son couple et de l'enseignement... Mais bon, nous sommes dans Black Mirror et l'on sait déjà à peu près à quoi s'en tenir. Le principe même de la dystopie découlant du fait d'une vision du futur pessimiste, on devine que rien ne va vraiment se passer comme Mike et sa femme l'espéraient. En la matière, Charlie Brooker signe avec Des gens ordinaires l'un des épisodes parmi les plus cruels. En aussi peu de temps qu'il faut pour le dire, le scénariste et créateur de la série arrive en une courte durée à rendre attachants ses deux principaux personnages.


Parce qu'ils nous ressemblent et n'ont rien de ces gens aisés qui devant l'adversité peuvent tout se payer. La mécanique de cet épisode est incroyablement redoutable. En intégrant au récit un couple dont les métiers respectifs ne leur ouvrent pas les portes d'un budget illimité, c'est une nouvelle fois pour Charlie Brooker l'occasion d'exploiter les dérives de la technologie. Mêlant ainsi à la préoccupation du couple de maintenir l'état actuel de la jeune femme, l'implication des réseaux sociaux dont Charlie Brooker se fait là encore l'écho de certaines pratiques très particulières. Réalisé parAlly Pankiw, Des gens ordinaires s'inscrit surtout dans l'évocation du marchandisation de la vie. Où tout se paie. Même le simple principe qui consiste à demeurer vivant. Face à notre couple, Gaynor (Tracee Ellis Jones) arbore l'attitude de l'employée froide et un brin cynique, sourde aux suppliques d'un couple à l'agonie financière. D'une perversité presque inattendue, Des gens ordinaires repousse de très loin le concept de dystopie. Tout d'abord à travers ces paris malsains qui sur le net et contre de l'argent poussent certains internautes à réaliser des ''exploits'' et dont les conséquences sont parfois terribles comme en témoignent certains faits-divers authentiques. Mieux (ou pire!) , ce que l'on croit être une organisation vouée au bien-être humain n'est qu'une mécanique parfaitement huilée qui à la signature du client s'enclenche pour le rendre dépendant de ses services et ainsi ne plus lui permettre de faire machine arrière ! Tout ceci, sur le papier, peut sembler ici bien trouble et vaporeux. Mais en découvrant ce formidable épisode, vous comprendrez très précisément de quelle mécanique l'on parle ! L'on ressort de ce premier épisode de la septième saison relativement secoué en ce sens où depuis à peu près deux saisons nous n'y étions plus préparés. Bref, Charlie Brooker signe une nouvelle entrée en matière tout à fait remarquable. Un épisode touchant, voire même bouleversant lors de son inconcevable final... A découvrir de toute urgence...

 

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