Après un premier épisode
très marquant, une question demeure : Charlie Brooker va-t-il
parvenir à maintenir le même niveau de qualité tout au long des
six épisodes qui constituent cette septième saison de la série
britannique Black Mirror ?
L'épisode numéro deux intitulé Bête Noire
semble en effet le confirmer même si l'on est tout de même loin ici
d'atteindre l'impact du très émouvant Des gens
ordinaires.
Pourtant, à bien y réfléchir et même si au final Bête
Noire
n'est peut-être pas aussi innovant, le créateur et scénariste de
la série parvient à y mêler divers concepts qui fonctionnent
plutôt bien entre eux. Dans cet épisode, Maria (Siena Kelly)
travaille dans une entreprise de création de chocolats où elle
conçoit de nouvelles recettes. Très appréciée de ses
collaborateurs et de son patron, la jeune femme vient de concevoir
une barre chocolatée fourrée au miso qui doit être testée par un
groupe d'une dizaine de personnes. Parmi elles, une certaine Verity
(Rosy McEwen), jeune femme blonde plutôt timide et réservée que
semble connaître Maria et qui est la seule à apprécier sa nouvelle
création. Et en effet : ces deux là se sont connues il y a
longtemps. Deux anciennes camarades de classes qui ne se sont
pourtant jamais vraiment côtoyées. Alors que Maria pense que Verity
n'est venue que pour tester sa nouvelle recette, elle apprend que
celle-ci est surtout venue se présenter pour un poste. Très vite
engagée, Verity est aussi rapidement appréciée par ses nouveaux
collègues. Maria, quant à elle, voit d'un mauvais œil
l'arrivée de la jeune femme dans l'entreprise. D'autant plus que
depuis l'accession au nouveau poste de Verity, d'étranges événements
semblent se produire dans l'entreprise... Titré ainsi dans sa
version originale, Bête Noire
se réfère directement au comportement ou au sentiment d'aversion
que l'on peut ressentir vis à vis d'un individu. Maria prend donc en
grippe la nouvelle venue alors même que celle-ci apparaît comme une
nouvelle et très agréable collègue de travail. L'idée du scénario
de cet épisode réalisé cette fois-ci par Toby Haynes étant
d'évoquer la jalousie dans l'entreprise. Mais Bête
Noire
cache en réalité un certain nombre de ramifications dont certaines
remontent au passé lointain des deux jeunes femmes.
Outre
le sentiment de se faire déposséder de l'attention de ses collègues
par la nouvelle venue, Maria semble quelque peu perdre la tête à
travers des événements apparemment sans importance mais qui auront
un véritable impact sur sa carrière. De plus, il plane au dessus de
l'épisode le concept de vengeance à travers un passé trouble mais
commun à nombre d'adolescents qui durant leurs études furent les
victimes de harcèlement. La venue de Verity dans l'entreprise ne
serait donc pas simplement le fruit d'un hasard. Jusque là, le
spectateur est en droit de se demander le rapport entre cet épisode
et le concept qui enrobe généralement la série de Charlie Brooker.
L'on prend conscience que Bête Noire
pourrait prendre le même chemin que le pathétique Mazey
Day
de la saison précédente jusqu'à ce qu'un élément qui se réfère
enfin à l'idée que l'on se fait de Black Mirror
ne vienne expliquer les événements qui viennent de se produire. En
ce sens, ce second épisode se montre relativement diabolique,
crispant et donc assez stressant. Et ce, même si le script est au
fond assez classique en dehors d'un dénouement plutôt ludique qui
opposera nos deux principales interprètes. Tandis qu'il est
habituellement commun de prendre fait et cause pour l'héroïne qui
se voit harcelée ou victime d'une machination, Siena Kelly
interprète une Maria franchement peu attachante et pour laquelle le
spectateur n'éprouve finalement que peu de compassion. De son côté,
Rosy McEwen incarne avec malice le rôle de Verity, jouant un double
jeu avec ses nouveaux collègues. Pleurnichant alors dans son
mouchoir chaque fois que Maria s'emporte avec elle mais lui faisant
de loin des clins d’œil lorsque les autres lui tournent le dos.
Histoire de bien faire comprendre à la créatrice en chocolaterie
quelles sont ses véritables intentions. Bref, Bête
Noire
est un sympathique épisode, suffisamment taquin pour retenir
l'attention jusqu'à sa résolution même s'il ne brille pas de ce
même intérêt que fut celui qui entoura l'épisode précédent. Un
entracte avant ce qui d'après nombre de téléspectateurs serait
parait-il le meilleur épisode de la série, toutes saisons
confondues...
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