Adapté de son propre
roman éponyme sorti en 2015 par Jacques expert et réalisé pour la
télévision par Nicolas Cuche, Deux Gouttes d'Eau est
un thriller policier se déroulant sur une échelle du temps plutôt
ramassée puisque son intrigue démarre au petit matin d'une journée
classique pour un commissariat pour se terminer très tard le soir.
S'il convoque une thématique qui n'est certes pas inédite mais qui
n'encombre cependant pas non plus le genre policier, Deux
Gouttes d'Eau parvient
dans une certaine mesure à entretenir le suspens ''presque'' jusqu'à
son terme. Les néophytes n'y verront peut-être que du feu mais
l'habitué des affaires criminelles fictives sevré aux polars, aux
thrillers et autres films policiers arrivera relativement rapidement
à la même conclusion que l'un des deux flics qui mènent l'enquête.
Un commandant et un lieutenant dont les méthodes divergent mais qui,
en même temps se complètent et s'avèrent donc indispensables l'un
pour l'autre. Il y a un piège à vouloir confronter deux flics à
une affaire dont les suspects se comptent au nombre de deux, surtout
lorsque comme dans le cas présent, ceux-ci sont jumeaux. D'une
certaine manière, l'évocation de ces derniers suppose un collège
de pistes dont toutes doivent être scrupuleusement décortiquées
pour réussir à résoudre l'affaire...
Deux
écoles s'opposent dans ce binôme de policiers et expliquent sans
doute la remarque d'une jeune recrue qui demande au lieutenant Sam
Barbieri pourquoi il n'a pas le même grade que sa supérieure, la
commandante Valérie Laforge. Celui-ci répond à la jeune femme que
sa supérieure est meilleure que lui. Ce que l'on est tenté de
confirmer puisque Sylvie Testud interprète une commandante qui ne
compte pas ses heures quitte à sacrifier son peu de vie privée
tandis que pour le Lieutenant Barbieri, l'important est de boucler
l'affaire au plus vite et de rentrer chez lui. Moins de rigueur pour
l'un que pour l'autre et une multiplication des pistes qui font de
Deux Gouttes d'Eau un
téléfilm retord dont on ne soupçonnera cependant pas l'une des
tournures qui mettront un terme à l'enquête ainsi qu'au récit. Aux
côtés de l'excellente actrice française, l'humoriste et acteur
Michael Youn qui dans la peau du lieutenant Sam Barbieri s'avère
convainquant. Sans en faire des tonnes tout en imprimant à son
personnage un caractère bien trempé, il parvient à rendre crédible
son incarnation. Face aux deux vedettes, l'acteur Hugo Becker qui
dans le double rôle d'Antoine et de Tom Delvoye joue parfaitement le
jeu des frères jumeaux dérangés voire diaboliques. À noter la
présence de l'actrice Marie-Christine Barrault dans le rôle
d’Élisabeth Davout...
Si
Deux Gouttes d'Eau manque
de s'écrouler, ça n'est pas tant à cause de l'interprétation ni
de l'une ni des autres, loin s'en faut, mais en raison du caractère
parfois outrageusement ambigu des deux frères qui ne laissent alors
plus tellement d'options quant à la vérité portant sur le meurtre
barbare de la compagne de l'un d'entre eux. Comme l'évoque sans
doute un peu trop tôt le personnage interprété par Michael Youn,
soit l'un est coupable, soit l'autre, ou plus simplement les deux. Et
c'est dans ces conditions que le téléfilm de Nicolas Cuche perd en
intensité puisqu'en additionnant toutes les données du problème,
le téléspectateur arrivera trop aisément et surtout trop
rapidement aux bonnes conclusions. Reste que Deux
Gouttes d'Eau offre
une ambiance plutôt remarquable pour un simple téléfilm. Une
caractérisation vite expédiée mais suffisante pour une œuvre ne
dépassant pas les quatre-vingt dix minutes et surtout, une brillante
interprétation. La mise en scène est certes quelque peu mollassonne
et académique mais Nicolas Cuche parvient tout de même bizarrement
à maintenir l'intérêt. On est quand même bien loin du génial
Garde à Vue
interprété par Lino Ventura et Michel Serrault et que Claude Miller
réalisa en 1981...
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