Réalisé par Denis
Malleval, l'auteur de Jusqu'en Enfer
avec Bruno Solo en 2009, de La Boule Noire avec
Bernard Campan en 2014 ou encore de La Bonne Dame
de Nancy
avec Véronique Genest en 2016, et surtout l'un des spécialistes du
thriller formaté pour le petit écran, Mon
Frère bien Aimé
est l'un de ses derniers ''méfaits'' télévisuels. Et comme à son
habitude, il nous a concocté l'un de ces téléfilms dont il a le
secret. Durant un peu plus d'une heure trente il va réussir à tenir
en haleine le spectateur avec un sujet aussi sinistre que pessimiste.
Là où le titre même de ce téléfilm semble anachronique par
rapport aux faits, l'histoire est celle de deux frères dont l'un
demande de l'aide à l'autre après avoir tué par accident sa
maîtresse, une jeune fille de dix-sept ans, après qu'elle lui ait
demandé de quitter sa femme pour elle. Aîné des frères Leroy,
Étienne est responsable d'une conserverie financièrement aux abois
tandis que Mathias, son frère, PDG d'une très grande entreprise,
vient de signer un contrat de plusieurs milliards d'euros. Mais cette
fois-ci, c'est ce dernier qui est aux abois. Il supplie Étienne de
lui venir en aide afin de faire disparaître le corps de la victime.
Celui-ci accepte et commence alors pour lui une véritable descente
aux enfers...
Basé
sur un scénario écrit par Luc Chaumar et Anne Valton, Mon
Frère bien Aimé démontre
qu'il existe des cas où rendre la monnaie de sa pièce à un membre
de sa famille qui vous a rendu un immense service est impossible. Ces
deux frères, ce sont Olivier Marchal et Michael Youn qui les
interprètent. Chacun à leur manière. Chacun avec sa propre
sensibilité. Mais d'une manière générale, relativement nuancée.
Tout sépare les deux hommes. Entre le premier, vieillissant,
rencontrant des difficultés financière et le second, qui monte de
plus en plus dans l'échelle sociale et réussi tout ce qu'il
entreprend. Mon Frère bien Aimé
bat le chaud et le froid. Entre fraternité indéfectible et
indifférence nourrie par l'entourage. Si Olivier Marchal est capable
d'incarner un homme prêt à sacrifier jusqu'à son existence par
promesse faite à sa mère avant sa mort, Michael Youn, lui,
interprète un individu pas tout à fait immoral (à un moment donné,
il tentera bien d'évoquer l'idée de se rendre à la police) mais
tout de même capable de faire mijoter son frère dans son jus,
jusqu'à l'abandon...
Tendu,
sombre et finalement nihiliste puisque ne proposant aucune porte de
sortie optimiste, le téléfilm de Denis Malleval charrie son flot de
seconds rôles talentueux parmi lesquels on retiendra avant tout
l'ancienne chanteuse et désormais actrice Elsa Lunghini qui
interprète le rôle de Barbara Bellefond, laquelle s'apprête à
quitter son infâme mari, Pierre (l'acteur Geoffroy Thiebaut).
Peut-être encore meilleure que les deux principaux interprètes
masculins, car quelle que soit son humeur, il lui arrive d'être bien
supérieure à un Michael Youn convainquant sauf lorsque son
personnage exprime la panique devant le corps de sa victime. La
partition musicale de Jean Musy participe de la tension perpétuelle
qui anime durant une grande partie le téléfilm. Mon
Frère bien Aimé est
donc une très bonne surprise...
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