Arte réserve parfois, et
même plus régulièrement que n'importe quelle autre chaîne, de
belles surprises. Parfois, lors d'une même soirée, ces dernières
s'enchaînent. Pour notre plus grand bonheur. C'est en attendant
impatiemment un documentaire sur le célèbre groupe de « musique
planante » allemand Tangerine Dream que je suis tombé tout à
fait par hasard sur le téléfilm Familienfest
du cinéaste, italo-allemand, Lars Kraume. Ici, chez nous, l'objet de
cet article s'intitule Trouble-Fête, et lorsqu'on lit le synopsis,
on se retrouve forcément attiré, surtout si l'on aime le genre
d'intrigue prenant place au sein d'une famille qui va profiter d'un
événement relativement banal pour déballer son linge sale. Et
autant dire que Familienfest va faire preuve dans ce
domaine, d'une capacité à nous renvoyer en pleine gueule, tout ce
qu'à pu accumuler cette famille dont le patriarche n'est autre qu'un
célèbre et brillantissime pianiste concertiste.
Et ce génial musicien,
c'est Hannes Westhoff, père de trois garçons, mari d'Anne et ancien
époux de Renate, invitée elle, et d'autres convives, à participer
à l'anniversaire du septuagénaire qui fête donc, ses soixante-dix
ans aujourd'hui. Un génie du piano doublé d'un monstre cynique qui
n'a, de toute sa vie de père et d'époux, cessé de se comporter en
despote envers les membres de sa famille. Et pour fêter ses
soixante-dix ans, Hannes va faire montre d'une cruauté qui va
dépasser tout ce qui a pu mettre à mal l'harmonie qu'Anna a
toujours tenté de préserver.
A la réalisation de
Familienfest,
on trouve donc le cinéaste Lars Kraume, auteur de plusieurs épisodes
de la célèbre série allemande Tatort.
Il
met ici en scène une famille dont l'image va peu à peu s'effriter
jusqu'à plonger même dans le drame le plus sombre et le plus
désespéré. Hannes, c'est l'acteur Günther Maria Halmer. Un rôle
de monstre pour une interprétation monstrueuse. Un père de famille
incapable d'éprouver la moindre émotion pour aucun de ses trois
fils. D'un coté, Max, dont il espérait faire un pianiste aussi
virtuose que lui. Gregor, lequel a toujours des soucis d'argent, puis
vient en dernier Frederik. En dernier car des trois, c'est celui dont
le père regrette sans doute le plus la venue au monde. Homosexuel,
il est la risée permanente de Hannes qui d'un point de vue
symbolique, va lui trancher la tête en étêtant l'un des trois
sapins plantés par chacun des fils lorsqu'ils n'étaient encore que
de jeunes enfants.
L’œuvre
de Lars Kraume rappelle évidemment le douloureux Festen
de Thomas Vinterberg mais bien que la contrainte du format (celui du
téléfilm) puisse nous faire craindre une réalisation n’atteignant
pas le degré d'intensité requis (tiens ! Voilà une réflexion
qu'elle est stupide), Familienfest demeure
pourtant tragiquement cynique et terriblement émouvant. Si la mise
en scène n'use d'aucun artifice superficiel, c'est bien justement
pour mettre en avant cette galerie de portraits parfaitement intégré
dans l'esprit de leurs interprètes. Il ne faudra pas plus de
quelques dizaines de minutes pour nous attacher aux personnages et
une heure trente seulement pour nous arracher à cette histoire
bouleversante.
Avec
Familienfest, Lars
Kraume nous offre un téléfilm exceptionnel reposant non seulement
sur l'interprétation, mais également sur les dialogues finement
ciselés. De la belle ouvrage...
Bonsoir
RépondreSupprimerJ'ai bien envie de le voir!! Cà me fait un peu pensais à Perfetti sconosciuti un huis clos Italien