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lundi 28 novembre 2016

Familienfest de Lars Kraume (2014)



Arte réserve parfois, et même plus régulièrement que n'importe quelle autre chaîne, de belles surprises. Parfois, lors d'une même soirée, ces dernières s'enchaînent. Pour notre plus grand bonheur. C'est en attendant impatiemment un documentaire sur le célèbre groupe de « musique planante » allemand Tangerine Dream que je suis tombé tout à fait par hasard sur le téléfilm Familienfest du cinéaste, italo-allemand, Lars Kraume. Ici, chez nous, l'objet de cet article s'intitule Trouble-Fête, et lorsqu'on lit le synopsis, on se retrouve forcément attiré, surtout si l'on aime le genre d'intrigue prenant place au sein d'une famille qui va profiter d'un événement relativement banal pour déballer son linge sale. Et autant dire que Familienfest va faire preuve dans ce domaine, d'une capacité à nous renvoyer en pleine gueule, tout ce qu'à pu accumuler cette famille dont le patriarche n'est autre qu'un célèbre et brillantissime pianiste concertiste.

Et ce génial musicien, c'est Hannes Westhoff, père de trois garçons, mari d'Anne et ancien époux de Renate, invitée elle, et d'autres convives, à participer à l'anniversaire du septuagénaire qui fête donc, ses soixante-dix ans aujourd'hui. Un génie du piano doublé d'un monstre cynique qui n'a, de toute sa vie de père et d'époux, cessé de se comporter en despote envers les membres de sa famille. Et pour fêter ses soixante-dix ans, Hannes va faire montre d'une cruauté qui va dépasser tout ce qui a pu mettre à mal l'harmonie qu'Anna a toujours tenté de préserver.

A la réalisation de Familienfest, on trouve donc le cinéaste Lars Kraume, auteur de plusieurs épisodes de la célèbre série allemande Tatort. Il met ici en scène une famille dont l'image va peu à peu s'effriter jusqu'à plonger même dans le drame le plus sombre et le plus désespéré. Hannes, c'est l'acteur Günther Maria Halmer. Un rôle de monstre pour une interprétation monstrueuse. Un père de famille incapable d'éprouver la moindre émotion pour aucun de ses trois fils. D'un coté, Max, dont il espérait faire un pianiste aussi virtuose que lui. Gregor, lequel a toujours des soucis d'argent, puis vient en dernier Frederik. En dernier car des trois, c'est celui dont le père regrette sans doute le plus la venue au monde. Homosexuel, il est la risée permanente de Hannes qui d'un point de vue symbolique, va lui trancher la tête en étêtant l'un des trois sapins plantés par chacun des fils lorsqu'ils n'étaient encore que de jeunes enfants.

L’œuvre de Lars Kraume rappelle évidemment le douloureux Festen de Thomas Vinterberg mais bien que la contrainte du format (celui du téléfilm) puisse nous faire craindre une réalisation n’atteignant pas le degré d'intensité requis (tiens ! Voilà une réflexion qu'elle est stupide), Familienfest demeure pourtant tragiquement cynique et terriblement émouvant. Si la mise en scène n'use d'aucun artifice superficiel, c'est bien justement pour mettre en avant cette galerie de portraits parfaitement intégré dans l'esprit de leurs interprètes. Il ne faudra pas plus de quelques dizaines de minutes pour nous attacher aux personnages et une heure trente seulement pour nous arracher à cette histoire bouleversante.
Avec Familienfest, Lars Kraume nous offre un téléfilm exceptionnel reposant non seulement sur l'interprétation, mais également sur les dialogues finement ciselés. De la belle ouvrage...

1 commentaire :

  1. Bonsoir
    J'ai bien envie de le voir!! Cà me fait un peu pensais à Perfetti sconosciuti un huis clos Italien

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