Alors que le terme est
apparu dans le courant des années soixante-dix et qu'il a été
prononcé pour la première fois durant le procès du célèbre tueur
en série américain Ted Bundy, le serial killer est un type de tueur
qui existe depuis la nuit des temps. Considéré en tant que tel dès
lors qu'il a commis au moins trois meurtres, celui que l'on
surnommait le '' Barbe-Bleue de Gambais'' peut
donc être considéré comme faisant partie intégrante de la longue
liste des serial killer, ici, Made in France.
Si les plus jeunes n'en n'ont peut-être jamais entendu parler, ou du
moins, s'il demeure pour les dernières générations, moins célèbre
qu'un Guy Georges, Michel Fourniret, Francis Heaulme ou Thierry
Paulin, l'arrestation de Henri Désiré Landru le jour de ses
cinquante ans le 12 avril 1919, révéla au grand jour la méthode
particulièrement effroyable qu'il mit en pratique afin d'escroquer
des victimes, toutes féminines, qu'il trompa en les séduisant et en
les tuant, faisant disparaître leur corps dans les cuisinières de
deux villas qu'il louait à Vernouillet et Gambais. Au total, il fut
reconnut coupable de onze meurtres. La première victime Jeanne
Cuchet disparu en février 1915 (la date précise demeurant difficile
à définir), la dernière, le 13 janvier 1919 s'appelait
Marie-Thérèse Marchadier. Henri désiré Landru fut condamné à la
peine capitale et guillotiné le 25 février 1922 à l'âge de 52
ans...
Alors
que le cinéaste Claude Chabrol se pencha sur le cas de Landru dans
son film éponyme de 1963 (dans lequel le rôle-titre était tenu par
l'acteur Charles Denner, lequel incarnera (ironiquement) quatorze ans
plus tard le rôle principal du long-métrage de François Truffaut,
L'Homme qui aimait les Femmes),
quarante-deux ans plus tard, c'est au tour de l'acteur et réalisateur
Pierre Boutron (déjà auteur d'une Affaire
Dominici
deux ans auparavant elle-même tirée d'un fait divers réel) qui
s'intéresse au cas de cet individu issu d'une famille modeste, connu
par les autorités pour ses escroqueries, qui découche très
régulièrement, et qui, alors que la première guerre mondiale a
délesté les rues de ses hommes partis au front, va en profiter pour
gagner sa vie en commentant des actes d'une incroyable monstruosité. Quatre
décennies après Charles Denner, c'est au tour de Patrick Timsit
d'incarner à l'écran ce séducteur qui fait tomber dans ses filets
des femmes plus ou moins jeunes, généralement seules, mais qui
toutes possèdent une grande somme d'argent.
Difficile
de succéder à l'immense Claude Chabrol, et pourtant, ce Désiré
Landru
réalisé par Pierre Boutron est relativement convaincant. Le
téléfilm tire surtout sa force de l'interprétation de
l'acteur-humoriste qui imprime à son personnage un caractère froid,
surtout, mais aussi, osons le dire, également attachant. Car il y a dans cette série
d'effroyables méfaits accomplis par un individu sans scrupules,
quelque chose d’éminemment touchant. On ne parle bien évidemment
pas des meurtres et de la façon dont leur auteur se débarrasse des
corps, mais des rapports qu'il entretient avec la jeune et jolie
Rolande (interprétée par l'actrice Julie Delarme), la seule qui
semble trouver grâce à ses yeux. Le réalisateur fait
malheureusement l'impasse sur le processus d'enquête ayant mené à
l'arrestation du tueur, ou du moins, l'élude-t-il de manière un peu
trop radicale. Pierre Boutron s'attache effectivement plus au
personnage de Landru qu'à l'enquête ou aux victimes. Si dans un
premier temps découvrir Patrick Timsit grimé en Landru peut
s'avérer déstabilisant (il faut reconnaître que son maquillage
n'est pas toujours des plus convaincant), l'acteur assume totalement
son interprétation. Froid comme la mort, manipulateur, insensible,
et monstrueux, il incarne très justement l'un des tueurs en série
les plus célèbres de France. Pour l'accompagner, l'actrice
Catherine Arditi dans le rôle de Marie-Catherine, son épouse, ou
encore Danièle Lebrun, Catherine jacob et Babsie Steger dans ceux de
quelques-unes de ses victimes...
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