Diffusée pour la
première fois mercredi dernier, le 10 avril 2019, la première
partie de l'adaptation télévisuelle éponyme du roman de
l'écrivaine Fred Vargas Quand Sort la Recluse
est la cinquième incartade de la réalisatrice et scénariste
française Josée Dayan dans l'univers de l'archéozoologue, et donc
la cinquième participation de l'acteur Jean-Hugues Anglade dans le
rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Ici, il est inutile
d'espérer retrouver une enquête policière menée sur les chapeaux
de roue. La réalisatrice, auteur notamment des adaptations
télévisuelles du Comte de Monte-Cristo
en 1998 ou des Misérables
en 2000, signe une enquête policière faisant dans la sobriété, et
dont l'un des intérêts principaux demeure dans le soin apporté aux
décors de Philippe Lévêque. En ce qui concerne l'intrigue, Quand
Sort la Recluse
prend place au cœur d'une série de morts particulièrement étranges
touchant des personnes âgées décédées après avoir été mordues
par des araignées (ici, la fameuse Loxosceles
reclusa,
ou araignée violoniste, qui fut au centre de plusieurs cas de
nécrose relégués par les médias il y a quelques années).
Autant
Jean-Hugues Anglade peut se révéler d'un charisme extraordinaire
(Killing Zoe
de Roger Avary, 1993), autant son interprétation laisse ici
perplexe. Peut-être faut-il alors se pencher sur le personnage de
Jean-Baptiste
Adamsberg pour comprendre et accepter le jeu hésitant de l'acteur.
Considéré comme ''rêveur
et désordonné […] et incapable d'analyser ou de soutenir
consciemment un long raisonnement''
(Wikipedia), ce flic aux méthodes inhabituelles explique peut-être
pourquoi Jean-Hugues Anglade a l'air de buter sur certaines phrases.
Volontaire ou non, cette approche a tendance à constituer une raison
suffisante pour que le spectateur estime que le jeu de l'acteur n'est
pas à la hauteur de sa réputation et que Josée Dayan se soit
contenté d'une seule prise alors que certaines séquences méritaient
sans doute d'être retournées. Quelques détails semblent
malheureusement corroborer ce dernier fait. Comme la séquence durant
laquelle un second rôle interprétant un simple brigadier est pris à
parti par le Lieutenant Violette Retancourt (excellente Corinne
Masiero). L'acteur semble à son tour buter sur un mot, récitant
alors son texte sur un mode fébrile. On pourra également évoquer
le fait que Jean-Hugues Anglade, encore lui, récite plus qu'il
n'interprète. C'est d'autant plus dommage que l'intrigue est
réellement passionnante, son personnage allant notamment se
renseigner auprès du Professeur Pujol (l'acteur Stéphan Wojtowicz),
spécialiste des araignées, ou prenant contact avec une certaine
Irène Royer-Ramier, interprétée par la méconnaissable Élisabeth
Depardieu...
Nous
sommes donc plus proches du Commissaire
Maigret
version Bruno Cremer que des Experts
(Josée Dayan multiplie les séquences situées dans un restaurant au
style désuet), ce qui, au fond, participe au charme qui se dégage
d'une première partie soignée en terme de photographie (signée de
Stefan Ivanov). En dehors d'un Jean-Hugues Anglade fort décevant, le
spectateur aura le plaisir de découvrir autour du Commissaire
Jean-Baptiste Adamsberg, des personnages interprétés par les
talentueux Jérôme Kircher, Sylvie Testud, Jacques Spiesser, et bien
entendu Corinne Masiero et Elsabeth Depardieu déjà citées plus
haut. Mais alors que l'interprétation oscille entre la justesse de
ton des uns et la médiocrité que frôlent certains (heureusement,
en très petite minorité), l'apparition de l'immense Pierre Arditi
semble tout remettre en question. Son écrasante performance nous
ferait presque regretter qu'il ne fut pas choisi pour interpréter
lui-même le rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Sa
présence aux deux tiers de l'intrigue efface littéralement celles
de Jean-Hugues Anglade et de Jérôme Kircher. A noter la partition
musicale fort convaincante composée par le chanteur et interprète
Benjamin Biolay... La seconde partie sera-t-elle davantage
convaincante ? La réponse dans un peu moins d'une semaine...
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