Films, séries, théâtre,
one man show, concerts et... documentaires. Peut-être
plus encore que les autres, ceux parmi ces derniers qui se consacrent
aux crimes en tout genres s'avèrent souvent des expériences
psychologiquement éprouvantes. Surtout lorsqu'elle sont au centre
d'une affaire aussi déstabilisante que la mort d'un enfant de huit
ans. L’âge auquel est mort le jeune Gabriel Fernandez. Un adorable
gamin dont pourtant, personne ou presque dans sa propre famille ne
voulait à sa naissance. Et surtout pas sa mère Pearl. Et pourtant,
les quatre premières années de sa vie furent sans doute pour
Gabriel les plus heureuses. Recueilli par son grand-oncle Michael
Lemons Carranza et son compagnon David Martinez qui le considéraient
alors comme leur propre fils, le bonheur de l'enfant et de ses deux
''pères'' prendra fin lorsque son grand-père le récupérera après
avoir affirmé qu'il n'était pas bon pour lui de vivre avec un
couple d'homosexuels. C'est à l'âge de sept ans que Gabriel croise
la route de son futur bourreau, Isauro Aguirre, le nouveau compagnon
de sa mère Pearl, complice elle-même d'actes de barbarie sur son
propre fils. Durant les huit mois qui suivront, l'enfant sera
quotidiennement battu, enfermé dans une ''boite'' minuscule, jour et
nuit, jusqu'à ce jour du 24 mai 2013 ou les secours découvriront
chez ce couple diabolique, le corps sans vie de Gabriel...
L'Affaire Gabriel
Fernandez (The
Trials of Gabriel Fernandez)
relate en six parties constituant un documentaire d'une durée
avoisinant les quatre heure trente, cette effarante affaire
criminelle. Une affaire bouleversante, insoutenable lorsque les
sévices dont fut la victime le jeune garçon sont énumérés mais
aussi scrupuleusement documentés. Le documentaire de Brian
Knappenberger est sans conteste aussi éprouvant que le film The
Girl Next Door
de Gregory M. Wilson. Sauf qu'ici, le spectateur ne peut se rassurer
en se réfugiant derrière le statut de fiction que revêt ce
dernier. L'Affaire Gabriel Fernandez n'est
pas le fruit de l'imagination d'un ou de plusieurs scénaristes. Il
est celui de l'esprit tordu d'un couple homicide qui selon certains
commentaires que l'on pourra juger d'objectifs, ont tué un enfant de
huit ans à petit feu. Bouleversant puisqu'au delà des pénibles
témoignages des médecins légistes qui expliquent sans ambages
devant le tribunal et les jurés que Gabriel a été frappé de
nombreuses fois à coups de poing, brûlé à la cigarette, étranglé,
gazé (à la bombe lacrymogène), plongé dans des bains d'eau
froide, le visage servant de cible lors d'un tir au pistolet à
billes, affamé ou encore contraint de manger la litière et les
excréments des chats, ce sont ceux apportés par d'autres témoins
qui donnent à cette affaire toute son (in)humanité...
Et
surtout, de réaliser combien certains travailleurs sociaux chargés
de suivre l'affaire de maltraitance concernant Gabriel se sont
révélés incompétents. Bouleversant, encore, lorsque
l'institutrice évoque ce jour où Gabriel, le visage couvert de
marques, torturé chaque jour par son beau-père et sa propre mère,
accepte tout comme les autres élèves, et malgré ce qu'il endure,
de fabriquer un cadeau pour la fête des mères. Un témoignage qui
brise sans doute le cœur autant que celui de
David
Martinez, le compagnon du grand-oncle de Gabriel et qui considérait
le jeune garçon comme son propre fils. Mais L'Affaire
Gabriel Fernandez
est également l'occasion de mettre à jour les méthodes
d'organismes peu scrupuleux et à but (exclusivement) lucratif, tel
Maximus, Inc.,
censé fournir des prestations aux organismes gouvernementaux de
santé et de services sociaux. Si une grande partie se consacre aux
failles de ces dits services sociaux ou du moins, de certains de
leurs employés, l'essentiel du documentaire repose sur le procès
d'Isauro Aguirre. Un procès filmé à charge puisque la défense
n'est, devant la caméra, pratiquement jamais appelée à témoigner.
Mais
qui en voudrait au réalisateur d'avoir pris parti devant les charges
retenues contre le beau-père de Gabriel ? On louera le
formidable travail accompli par l'avocat de l'accusation qui
cherchera à faire reconnaître le statut de meurtre avec
préméditation. L'Affaire Gabriel Fernandez
évite
le sensationnalisme et reste, à l'image de tous les témoins, digne
et respectueux. Une manière de rendre hommage à ce petit garçon de
huit ans qui est mort sans savoir pourquoi. Et pour celles et ceux
qui n'oseraient pas se confronter à cette sordide affaire
d'infanticide mais aimeraient savoir quel fut le jugement des deux
bourreaux de Gabriel, qu'ils se réjouissent : Isauro Aguirre a
été condamné à mort. Et même si depuis 2006 en Californie, les
exécutions ont été bloquées par des contestations judiciaires, il
ne fera plus de mal à quiconque. Quant à Pearl Fernandez, elle
croupit en prison pour le reste de son existence...
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