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jeudi 16 avril 2020

L'Affaire Gabriel Fernandez (The Trials of Gabriel Fernandez) de Brian Knappenberger (2020) - ★★★★★★★★★



Films, séries, théâtre, one man show, concerts et... documentaires. Peut-être plus encore que les autres, ceux parmi ces derniers qui se consacrent aux crimes en tout genres s'avèrent souvent des expériences psychologiquement éprouvantes. Surtout lorsqu'elle sont au centre d'une affaire aussi déstabilisante que la mort d'un enfant de huit ans. L’âge auquel est mort le jeune Gabriel Fernandez. Un adorable gamin dont pourtant, personne ou presque dans sa propre famille ne voulait à sa naissance. Et surtout pas sa mère Pearl. Et pourtant, les quatre premières années de sa vie furent sans doute pour Gabriel les plus heureuses. Recueilli par son grand-oncle Michael Lemons Carranza et son compagnon David Martinez qui le considéraient alors comme leur propre fils, le bonheur de l'enfant et de ses deux ''pères'' prendra fin lorsque son grand-père le récupérera après avoir affirmé qu'il n'était pas bon pour lui de vivre avec un couple d'homosexuels. C'est à l'âge de sept ans que Gabriel croise la route de son futur bourreau, Isauro Aguirre, le nouveau compagnon de sa mère Pearl, complice elle-même d'actes de barbarie sur son propre fils. Durant les huit mois qui suivront, l'enfant sera quotidiennement battu, enfermé dans une ''boite'' minuscule, jour et nuit, jusqu'à ce jour du 24 mai 2013 ou les secours découvriront chez ce couple diabolique, le corps sans vie de Gabriel...

L'Affaire Gabriel Fernandez (The Trials of Gabriel Fernandez) relate en six parties constituant un documentaire d'une durée avoisinant les quatre heure trente, cette effarante affaire criminelle. Une affaire bouleversante, insoutenable lorsque les sévices dont fut la victime le jeune garçon sont énumérés mais aussi scrupuleusement documentés. Le documentaire de Brian Knappenberger est sans conteste aussi éprouvant que le film The Girl Next Door de Gregory M. Wilson. Sauf qu'ici, le spectateur ne peut se rassurer en se réfugiant derrière le statut de fiction que revêt ce dernier. L'Affaire Gabriel Fernandez n'est pas le fruit de l'imagination d'un ou de plusieurs scénaristes. Il est celui de l'esprit tordu d'un couple homicide qui selon certains commentaires que l'on pourra juger d'objectifs, ont tué un enfant de huit ans à petit feu. Bouleversant puisqu'au delà des pénibles témoignages des médecins légistes qui expliquent sans ambages devant le tribunal et les jurés que Gabriel a été frappé de nombreuses fois à coups de poing, brûlé à la cigarette, étranglé, gazé (à la bombe lacrymogène), plongé dans des bains d'eau froide, le visage servant de cible lors d'un tir au pistolet à billes, affamé ou encore contraint de manger la litière et les excréments des chats, ce sont ceux apportés par d'autres témoins qui donnent à cette affaire toute son (in)humanité...

Et surtout, de réaliser combien certains travailleurs sociaux chargés de suivre l'affaire de maltraitance concernant Gabriel se sont révélés incompétents. Bouleversant, encore, lorsque l'institutrice évoque ce jour où Gabriel, le visage couvert de marques, torturé chaque jour par son beau-père et sa propre mère, accepte tout comme les autres élèves, et malgré ce qu'il endure, de fabriquer un cadeau pour la fête des mères. Un témoignage qui brise sans doute le cœur autant que celui de David Martinez, le compagnon du grand-oncle de Gabriel et qui considérait le jeune garçon comme son propre fils. Mais L'Affaire Gabriel Fernandez est également l'occasion de mettre à jour les méthodes d'organismes peu scrupuleux et à but (exclusivement) lucratif, tel Maximus, Inc., censé fournir des prestations aux organismes gouvernementaux de santé et de services sociaux. Si une grande partie se consacre aux failles de ces dits services sociaux ou du moins, de certains de leurs employés, l'essentiel du documentaire repose sur le procès d'Isauro Aguirre. Un procès filmé à charge puisque la défense n'est, devant la caméra, pratiquement jamais appelée à témoigner.

Mais qui en voudrait au réalisateur d'avoir pris parti devant les charges retenues contre le beau-père de Gabriel ? On louera le formidable travail accompli par l'avocat de l'accusation qui cherchera à faire reconnaître le statut de meurtre avec préméditation. L'Affaire Gabriel Fernandez évite le sensationnalisme et reste, à l'image de tous les témoins, digne et respectueux. Une manière de rendre hommage à ce petit garçon de huit ans qui est mort sans savoir pourquoi. Et pour celles et ceux qui n'oseraient pas se confronter à cette sordide affaire d'infanticide mais aimeraient savoir quel fut le jugement des deux bourreaux de Gabriel, qu'ils se réjouissent : Isauro Aguirre a été condamné à mort. Et même si depuis 2006 en Californie, les exécutions ont été bloquées par des contestations judiciaires, il ne fera plus de mal à quiconque. Quant à Pearl Fernandez, elle croupit en prison pour le reste de son existence...

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