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jeudi 9 avril 2020

Paradise Lost 1 - The Child Murders at Robin Hood Hills de Joe Berlinger et Bruce Sinofsky (1996) - ★★★★★★★★★★



Le 6 mai 1993, les cadavres de Michael Moore, Christopher Byers et Stevie Branch sont découverts nus dans un fossé boueux des collines de Robin Hood près de West Memphis dans l'Arkansas. Trois petits corps âgés de seulement huit ans, les mains attachées avec leurs propres lacets de chaussures. Victimes de barbarie, les trois garçons ont subit de nombreuses atrocités. Violés, battus à mort ou noyés, l'un d'eux a même été victime d'une ablation du pénis et des testicules. Les suspects : Jessie Misskelley Jr., âgé de dix sept ans, Jason Baldwin, de 16 ans et Damien Echols, de 18 ans. Le premier est très rapidement interrogé et c'est lui donne le nom de ses deux camarades avec lesquels il aurait participé à un rite satanique. Les trois garçons sont alors mis aux arrêts avant d'être jugés... Paradise Lost 1 - The Child Murders at Robin Hood Hills revient tout d'abord sur les faits, terribles images des trois cadavres à l'appui, mais se concentre surtout autour du procès des trois accusés. Trois personnalités distinctes qui seront jugées séparément. Tout d'abord, l'accusateur Jessie Misskelley Jr. S'ils connaît les deux autres, il n'est cependant pas leur ami. Parce qu'il a ''donné'' ses deux complices dans le triple homicide, il est jugé seul. 

Des deux autres qui eux sont par contre les meilleurs amis du monde, Damien Echols apparaît très nettement comme la ''tête pensante''. Du moins, celui des trois qui fait preuve d'un raisonnement qui dénote d'une intelligence et d'une réflexion bien supérieures à celles de Misskelley et Baldwin. Les réalisateurs Joe Berlinger et Bruce Sinofsky donnent non seulement la parole aux familles des victimes mais également à celles des trois supposés bourreaux. Comme on le verra par la suite, deux clans se forment. Si certains font preuve de retenue devant la caméra, d'autres ne cachent par leur haine. À l'image de Melissa et John Mark Byers, la mère et le beau-père du petit Christopher qui ne mâchent pas leurs mots en souhaitant la mort des trois accusés. Pas de distanciation chez ce couple donc, contrairement à Pamela Branch qui devant la caméra apparaît calme et souriante mais cache en réalité un profond malaise. Évidemment, deux autres types de clans se forment également lors des deux procès. D'un côté, l'accusation, de l'autre la défense. Le spectateur assiste éberlué aux questions posées par l'une ou l'autre des parties, aiguillant les témoignages pouvant permettre de peser dans la balance. Des procès se déroulant dans un calme relativement impressionnant. Outre les insupportables images des trois victimes exposées lors des procès, l'un d'un pics du documentaire est révélé lorsqu'est ''évoquée'' par l'un des avocats de la défense, l'hypothèse que le triple meurtre aurait pu être commis par le beau-père de Christopher, John Mark Byers lui-même. 

Si pour les jurés, le doute n'est pas permis puisque les accusés seront condamnés, force est de reconnaître que la direction que donne l'un des avocats de la défense aux questions posées à John Mark Byers laisse des traces dans l'esprit du spectateur. Le duel permanent auquel s'adonnent les deux parties est fascinant et ne s'éloigne finalement pas tant des films de fiction qui intègrent généralement à leur sujets, des séquences de tribunaux. Si les jurés ont l'intime conviction de la culpabilité de Jessie Misskelley Jr., Jason Baldwin,et Damien Echols puisque les deux premiers seront condamnés à la prison à vie et le troisième à la peine capitale, certains éclaircissements laissent parfois entrevoir le manque de fondement quant à leur responsabilité dans le meurtre des trois enfants. Paradise Lost 1 - The Child Murders at Robin Hood Hills est un documentaire exceptionnel et surtout très complet sur les mécanismes d'un procès. Les deux réalisateurs se sont également penchés sur la personnalité des trois accusés qui devant la caméra s'expriment avec plus ou moins de bagou et d'ego. 

Le charisme et l'intelligence de Damien Echols en font le coupable idéal. De ces monstres de fiction qui arborent ici le visage de la réalité. Le documentaire tourne également autour de thèmes récurrents comme d'évoquer le fait que les meurtres n'aient pu être commis que par trois jeunes gens aux cheveux longs, vêtus de noir, amateur de heavy Metal et de romans d 'épouvante. La religion dans le contexte prend notamment une place prépondérante. On y évoque le Pardon, l'Enfer, le Jugement de Dieu. Plusieurs des témoignages s'avèrent bouleversants, mais sans doute, l'un de ceux dont on se souviendra longtemps après avoir vu Paradise Lost 1 - The Child Murders at Robin Hood Hills reste celui de Damien Echols qui après avoir entendu sa condamnation à mort a dit : ''Après ma mort, les gens se souviendront de moi pour toujours.[...] Je serai en quelque sorte le croquemitaine de West memphis. Les enfants vérifieront sous leur lit : ''Damien y est peut-être caché''''... A noter que Paradise Lost 1 - The Child Murders at Robin Hood Hills est le premier volet d'une trilogie consacrée à l'affaire.

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