Quatre ans après un
premier volet se concentrant en grande partie sur les procès de
Jessie Misskelley Jr., puis de Jason Baldwin et Damien Echols, les
réalisateurs Joe Berlinger et Bruce Sinofsky revenaient cinq après
après la condamnation à mort de ce dernier au moment même où il
choisit de faire appel de son jugement. Mais alors que les
réalisateurs eurent la permission de faire entrer les caméras dans
l'enceinte du tribunal cinq ans auparavant, il leur est désormais
interdit de filmer la demande de procès en appel. Si une partie de
Paradise Lost 2 – Révélations est
consacrée au groupe de soutien qui s'est formé autour de lui afin
d'éclairer sous un nouveau jour l'innocence de Damien Echols et de
ses deux amis, ce second chapitre s'intéresse surtout de très près
au beau-père de l'une des trois victimes, le jeune Christopher Byers
qui fut retrouvé mort auprès de ses amis Stevie Eward Branch et
Michael Moore. Son beau-père, John Mark Byers, un imposant
personnage de deux mètres pour cent-quinze kilos avait su se montrer
persuasif lors du premier chapitre de la trilogie intitulé alors,
Paradise Lost - The Child Murders at Robin Hood
Hills
et ce, même si l'évocation durant le procès de Jason Baldwin et
Damien Echols d'un couteau lui appartenant avait quelque peu semé le
trouble.
L’impossibilité
de filmer Damien Echols et ses avocats dans l'enceinte du tribunal
est donc l'occasion de resserrer l'intrigue autour d'un John Mark
Byers décidément de plus en plus ambigu et de moins en moins
convainquant. Le gros du sujet tournant autour de morsures
découvertes sur le visage de l'une des victimes et non relatées
dans le premier chapitre permet d'apporter de l'eau au moulin de
ceux qui soutiennent Damien Echols, lequel se trouve toujours dans le
couloir de la mort. Joe Berlinger et Bruce Sinofsky ont donc attendu
que le condamné à mort fasse appel pour reprendre leurs caméras et
se pencher sur le cas de John Mark Byers qui apparaît alors comme un
suspect potentiel. Et même si les deux réalisateurs semblent
impartiaux, il est par contre évident qu'autour de l'affaire, le
vent a tourné pour beaucoup de monde. Plus le beau-père du petit
Christopher semble être le coupable idéal (impression que
renforçaient certains éléments déjà disponibles dans Paradise
Lost - The Child Murders at Robin Hood Hills),
et plus l'on se dit que l'impression négative laissée à l'issue du
documentaire par Damien Echols n'était sans doute dû qu'à sa très
forte personnalité.
Si
le premier chapitre s'avérait d'une manière générale à charge
contre les trois condamnés même si le verdict était basé sur des
éléments relativement faibles, avec Paradise
Lost 2 – Révélations,
Joe Berlinger et Bruce Sinofsky font pencher la balance du côté des
condamnés. Désormais, il semble plus évident de ressentir de
l'empathie pour Damien et dans une moindre mesure pour ses deux
anciens camarades (les deux réalisateurs se désintéressent très
rapidement de Misskelley Jr. et Jason Baldwin) que par le passé. Ce
qui aide les spectateurs en ce sens demeure également dans l'absence
des parents des victimes puisqu'à part un John Mark Byers toujours
aussi présent et volubile, aucun des autres n'a voulu participer au
tournage de ce second documentaire. Les mères de Jason Baldwin et
Damien Echols sont par contre très actives et les propos que l'on pu
prendre pour une défense naturelle de leur progéniture dans le
premier chapitre prennent ici un sens nouveau et parfaitement
intégrable si l'on considère que les trois adolescents furent un
peu trop rapidement condamnés.
Tout
aussi fascinant puisque choisissant d'étayer l'hypothèse selon
laquelle John Mark Byers pourrait être coupable du triple
infanticide, et bien
que l'autorisation de filmer à l'intérieur du tribunal ne fut cette
fois-ci pas accordée aux réalisateurs, Paradise
Lost 2 – Révélations
se vit littéralement comme un thriller de fiction, avec ses codes
usuels, ses rebondissements, ses révélations et ses personnages
louches (en l’occurrence, ici, John Mark Byers, toujours aussi à
l'aise mais aussi beaucoup plus inquiétant devant les caméras). Le
programme n'en est que plus complet. Au cœur d'un fait-divers
sordide qui a secoué l'Amérique dans les années quatre-vingt dix,
le spectateur est pris à témoin des remous d'une affaire qui allait
durer encore de longues années avec à la clé, un troisième
chapitre intitulé Paradise Lost 3 – Purgatory
en 2011, un documentaire rétrospectif réalisé l'année suivante
par Amy Berg (West of Memphis),
ainsi qu'une œuvre de fiction en 2013 réalisée par Atom egoyan,
Devil's Knot...
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