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vendredi 10 avril 2020

Paradise Lost 2 – Révélations de Joe Berlinger et Bruce Sinofsky (2000) - ★★★★★★★☆☆



Quatre ans après un premier volet se concentrant en grande partie sur les procès de Jessie Misskelley Jr., puis de Jason Baldwin et Damien Echols, les réalisateurs Joe Berlinger et Bruce Sinofsky revenaient cinq après après la condamnation à mort de ce dernier au moment même où il choisit de faire appel de son jugement. Mais alors que les réalisateurs eurent la permission de faire entrer les caméras dans l'enceinte du tribunal cinq ans auparavant, il leur est désormais interdit de filmer la demande de procès en appel. Si une partie de Paradise Lost 2 – Révélations est consacrée au groupe de soutien qui s'est formé autour de lui afin d'éclairer sous un nouveau jour l'innocence de Damien Echols et de ses deux amis, ce second chapitre s'intéresse surtout de très près au beau-père de l'une des trois victimes, le jeune Christopher Byers qui fut retrouvé mort auprès de ses amis Stevie Eward Branch et Michael Moore. Son beau-père, John Mark Byers, un imposant personnage de deux mètres pour cent-quinze kilos avait su se montrer persuasif lors du premier chapitre de la trilogie intitulé alors, Paradise Lost - The Child Murders at Robin Hood Hills et ce, même si l'évocation durant le procès de Jason Baldwin et Damien Echols d'un couteau lui appartenant avait quelque peu semé le trouble.

L’impossibilité de filmer Damien Echols et ses avocats dans l'enceinte du tribunal est donc l'occasion de resserrer l'intrigue autour d'un John Mark Byers décidément de plus en plus ambigu et de moins en moins convainquant. Le gros du sujet tournant autour de morsures découvertes sur le visage de l'une des victimes et non relatées dans le premier chapitre permet d'apporter de l'eau au moulin de ceux qui soutiennent Damien Echols, lequel se trouve toujours dans le couloir de la mort. Joe Berlinger et Bruce Sinofsky ont donc attendu que le condamné à mort fasse appel pour reprendre leurs caméras et se pencher sur le cas de John Mark Byers qui apparaît alors comme un suspect potentiel. Et même si les deux réalisateurs semblent impartiaux, il est par contre évident qu'autour de l'affaire, le vent a tourné pour beaucoup de monde. Plus le beau-père du petit Christopher semble être le coupable idéal (impression que renforçaient certains éléments déjà disponibles dans Paradise Lost - The Child Murders at Robin Hood Hills), et plus l'on se dit que l'impression négative laissée à l'issue du documentaire par Damien Echols n'était sans doute dû qu'à sa très forte personnalité.

Si le premier chapitre s'avérait d'une manière générale à charge contre les trois condamnés même si le verdict était basé sur des éléments relativement faibles, avec Paradise Lost 2 – Révélations, Joe Berlinger et Bruce Sinofsky font pencher la balance du côté des condamnés. Désormais, il semble plus évident de ressentir de l'empathie pour Damien et dans une moindre mesure pour ses deux anciens camarades (les deux réalisateurs se désintéressent très rapidement de Misskelley Jr. et Jason Baldwin) que par le passé. Ce qui aide les spectateurs en ce sens demeure également dans l'absence des parents des victimes puisqu'à part un John Mark Byers toujours aussi présent et volubile, aucun des autres n'a voulu participer au tournage de ce second documentaire. Les mères de Jason Baldwin et Damien Echols sont par contre très actives et les propos que l'on pu prendre pour une défense naturelle de leur progéniture dans le premier chapitre prennent ici un sens nouveau et parfaitement intégrable si l'on considère que les trois adolescents furent un peu trop rapidement condamnés.

Tout aussi fascinant puisque choisissant d'étayer l'hypothèse selon laquelle John Mark Byers pourrait être coupable du triple infanticide, et bien que l'autorisation de filmer à l'intérieur du tribunal ne fut cette fois-ci pas accordée aux réalisateurs, Paradise Lost 2 – Révélations se vit littéralement comme un thriller de fiction, avec ses codes usuels, ses rebondissements, ses révélations et ses personnages louches (en l’occurrence, ici, John Mark Byers, toujours aussi à l'aise mais aussi beaucoup plus inquiétant devant les caméras). Le programme n'en est que plus complet. Au cœur d'un fait-divers sordide qui a secoué l'Amérique dans les années quatre-vingt dix, le spectateur est pris à témoin des remous d'une affaire qui allait durer encore de longues années avec à la clé, un troisième chapitre intitulé Paradise Lost 3 – Purgatory en 2011, un documentaire rétrospectif réalisé l'année suivante par Amy Berg (West of Memphis), ainsi qu'une œuvre de fiction en 2013 réalisée par Atom egoyan, Devil's Knot...

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