Parmi la longue, très longue liste d'affaires criminelles mettant en
scène des assassins et autres meurtriers, nombreuses sont celles qui
connurent les ''honneurs'' d'un reportage, d'un documentaire ou d'une
adaptation cinématographique ou télévisuelle. De Landru en passant
par Mesrine, Fourniret, Paulin, Heaulmes, certains médias ont
(in)volontairement transformé ces monstres en icônes de la Mort.
Des êtres qui en même temps fascinent et révulsent. L'affaire
Grégory Vuillemin a ceci de particulier qu'aucun véritable coupable
n'a été mis derrière les barreaux. Depuis deux jours, cela fait
trente-sept ans que ce gamin de quatre ans a été retrouvé pieds et
mains liés dans la Vologne, une rivière située dans les Vosges, à
plusieurs kilomètres du domicile de ses parents Christine et
Jean-Marie Vuillemin qui vivaient à cette époque à sept kilomètres
du lieu où fut découvert le corps de Gregory, Lépanges-sur-Vologne.
Depuis, on connaît tous le sort qu'a accordé le père de famille à
son cousin Bernard Laroche. Un temps soupçonné d'avoir été l'un
des corbeaux qui harcelaient une grande partie des familles Jacob et
Vuillemin avant d'être purement et simplement accusé d'avoir tué
l'enfant, Bernard Laroche sera assassiné à son tour par Jean-Marie
Vuillemin d'un coup de fusil. Une affaire française revient
sur ces événements et bien d'autres sans pour autant s'éterniser
jusqu'aux faits les plus récents. Relativement fidèle aux
événements qui se sont donc produits dans le milieu des années
quatre-vingt, la mini-série en six partie créée par Jérémie Guez
etAlexandre Smia est exemplaire à plus d'un titre et dont le
principal reste au demeurant l'excellence de son casting...
Il
faut tout d'abord savoir que le journaliste Jean Ker, demeuré
surtout célèbre pour avoir couvert l'affaire en son temps est assez
peu représenté à l'image au profit de la journaliste Jeanne
Lombardie (l'actrice Laurence Arné) qui s'avère être de pure
fiction. Ce qui n'empêche pas le toujours savoureux Michel
Vuilllermoz de l'incarner avec réalisme. Autre personnage fictif, le
journaliste Antoine Orloff qu'incarne l'acteur Stanley Weber et avec
qui va travailler en collaboration Jeanne Lombardie. Deux personnages
inventés de toutes pièces qui mettent un peu d'eau dans le vin d'un
métier sinon décrit comme étant l'exclusivité des charognards.
Comme en témoigne notamment le personnage interprété par Michael
Youn. Un Jean-Michel Bezzina à ce point si caricatural que l'on
aurait pu le croire lui aussi sorti de l'esprit des créateurs de la
série... Mais face à cette masse grouillante de
journalistes qui semblent parfois davantage chercher l'article à
sensation que la vérité se trouve un homme et son épouse, d'abord
anéantis par la mort de leur enfant mais ensuite, aussi, victimes
d'un juge zélé et surtout inexpérimenté qui ira jusqu'à accuser
la mère du meurtre de son propre enfant. Ce juge, c'est le
malheureusement célèbre Jean-Michel Lambert qui semble ne s'en être
jamais remis puisqu'il mit fin à ses jours le 11 juillet 2017. à
l'écran, il est incarné par Laurent Stocker qui prouve qu'il n'est
pas seulement l'interprète de comédies parfois lourdingues (pour ne
pas dire minables comme Les Naufragés de
David ''tâcheron'' Charhon) mais s'avère capable d'interpréter la
froideur d'un juge professionnellement immature et orgueilleux.
Pour
revenir à Christine et Jean-Marie Vuillemin, ils sont tous deux
brillamment interprétés par Guillaume Gouix et Blandine Bellavoir
et même si physiquement on a tout d'abord du mal à reconnaître
l'un et l'autre des personnalités qu'ils interprètent, le temps et
leur talent fait le reste. Outre cette très alléchante liste
d'interprètes, on retrouve à l'écran les ''avocats'' Gérard
Jugnot et Gilbert Melki et l'infecte commissaire Jacques Corazzi
qu'interprète Thierry Godard. Mais c'est surtout de Guillaume de
Tonquédec dont on se souviendra au même titre que le couple
d'acteurs qui interpréta les parents du petit Grégory. Dans le rôle
du capitaine de Gendarmerie Étienne Sesmat il est l'un des symboles
de l'échec judiciaire dont la série fait porter peu ou prou la
responsabilité sur le dos du ''Petit Juge''. Si Une
affaire française ne
permet pas tout à fait de prendre toute la mesure de cet incroyable
imbroglio judiciaire, la série permet par contre de pénétrer la
vie intime des uns et des autres comme aucun documentaire n'aurait pu
le permettre. Le sujet tournant autour de l'affaire du petit Grégory
est si vaste qu'Une affaire française semble
se terminer de manière abrupte. Une première saison qui en appelle
logiquement une seconde. Oui mais voilà, ses créateurs vont-ils
continuer le récit du juge Lambert, du gendarme Sesmat, des familles
Vuillemin, Jacob et Laroche et des dizaines de journalistes qui
gravitèrent autour d'eux ou la seconde saison abordera-t-elle un
tout autre sujet ? Et bien d'après le créateur et scénariste
Jérémie Guez, celle-ci se penchera sur une autre affaire criminelle
française...
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