Vol au dessus d'un
nid de coucou
fait partie de ces œuvres cinématographiques que l'on peut
objectivement considérer d'intouchables. De parfaites. À moins que
certains parmi celles et ceux qui connaissent l'ouvrage éponymes de
Ken Kesey y trouvent à redire, ce qui, encore, pourrait se
comprendre. Un chef-d’œuvre, oui, sublimé par la mise en scène
du réalisateur américano-tchécoslovaque Miloš Forman, la musique
de Jack Nitzsche et Ed Bogas mais plus encore par l'interprétation
de Jack Nicholson, Louise Fletcher, Will Sampson, Christopher Lloyd
ou encore Brad Dourif (sans oublier le reste du casting bien
entendu...). Lorsque est évoqué le projet d'une préquelle tournant
autour de la glaçante infirmière en chef Mildred Ratched
(incroyable Louise Fletcher) sous la forme d'une mini-série de huit
épisodes, plusieurs réactions s'imposent. D'abord, l'interrogation.
Quel intérêt à reprendre quarante-six ans après l'un des
personnages emblématiques de Vol au dessus d'un
nid de coucou
pour en faire la principale ''héroïne'' d'une série qui portera
son nom ? Quelle actrice sera en mesure sinon d'éclipser Louise
Fletcher, du moins de l'égaler ? Et puis, vient l'inquiétude.
Comment oser toucher à cet objet de fascination sans briser sa
réputation en lui ''offrant'' une préquelle qui ne devrait avoir
d'intérêt que pour des producteurs avides de billets verts et
voulant se remplir les poches en réutilisant le nom d'un personnage
certes, hyper charismatique ? Remercions tout d'abord que le
créateur de Ratched
Evan Romansky n'ait pas eu la sombre (et idiote) idée de donner le
rôle de Randall Patrick McMurphy à un ersatz de Jack Nicholson. Le
personnage, d'ailleurs, est absent du récit. Ce qui semble fort
logique puisqu'en l'état, la série se déroule bien avant la
rencontre entre l'infirmière en chef Mildred Ratched et celui qui
deviendra plus tard l'un de ses patients les plus délicats à
traiter.
Passé
un premier épisode en forme de mise en bouche relativement amère,
Ratched
révèle ensuite son fort potentiel en terme d'addiction. Il faudra
cependant traiter la chose non pas comme la préquelle du classique
de Miloš Forman mais comme une série indépendante puisque à part
le personnage de Mildred Ratched, peu de choses renvoient les huit
épisodes au long-métrage. En dehors du fait qu'après avoir pris
ses marques au sein d'un institut traitant les maladies
psychiatriques, Mildred en deviendra bientôt l'infirmière-chef, ne
cherchez surtout pas à y déceler quelque indice renvoyant au
monstre de froideur de Vol au dessus d'un nid de
coucou.
Ratched,
c'est tout d'abord un univers visuel absolument incroyable. De ce
point de vue là, rien à dire. Le spectateur en prend plein les
mirettes. C'est beau à se damner, entre couleurs douces et décors
gothiques. Une profusion et une exubérance qui transpirent par tous
les pores de cet institut accueillant toutes formes de maladies parmi
lesquelles il devient cependant absurde de nos jours que l'on ait pu
y traiter l'homosexualité ! Et pourtant... Dans le rôle de
Midred Ratched, il était inutile de s'attendre à une autre présence
que celle de l'actrice Sarah Paulson, laquelle était déjà liée au
développeur, créateur et réalisateur de la série Ryan Murphy avec
lequel elle collabore depuis les débuts de l'anthologie American
Horror Story.
Exubérant, donc, mais aussi et surtout, surréaliste, du plus
lointain second rôle jusqu'aux têtes d'affiche. C'est à se
demander qui est enfermé et qui traite les malades. Si l'on accroche
très objectivement lors des quatre ou cinq épisodes suivant le
premier, il faut avouer que Ratched connaît
une légère baisse de régime relative à son incapacité à se
renouveler. On ne parlera même pas de la fin ouvert que l'on aurait
pourtant aimer voir se refermer sur un grand coup d'éclat. Et
pourquoi pas, sur un clin d’œil renvoyant directement au film de
Miloš Forman. Bouder son plaisir s'avérerait pourtant malhonnête
car aux côtés de Sarah Paulson, le spectateur découvrira un Finn
Wittrock démentiel, une Sharon Stone exubérante, un Jon Jon Briones
ambigu, une Judy Davis débordante, un Vincent d'Onofrio parfait dans
le rôle de l'immonde Gouverneur George Milburn et toute une panoplie
de second-rôles étonnants. Faut-il cependant prendre l'annonce
d'une seconde saison pour une bonne nouvelle ? Seul l'avenir
nous le dira...
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