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dimanche 17 octobre 2021

Ratched d'Evan Romansky et Ryan Murphy (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Vol au dessus d'un nid de coucou fait partie de ces œuvres cinématographiques que l'on peut objectivement considérer d'intouchables. De parfaites. À moins que certains parmi celles et ceux qui connaissent l'ouvrage éponymes de Ken Kesey y trouvent à redire, ce qui, encore, pourrait se comprendre. Un chef-d’œuvre, oui, sublimé par la mise en scène du réalisateur américano-tchécoslovaque Miloš Forman, la musique de Jack Nitzsche et Ed Bogas mais plus encore par l'interprétation de Jack Nicholson, Louise Fletcher, Will Sampson, Christopher Lloyd ou encore Brad Dourif (sans oublier le reste du casting bien entendu...). Lorsque est évoqué le projet d'une préquelle tournant autour de la glaçante infirmière en chef Mildred Ratched (incroyable Louise Fletcher) sous la forme d'une mini-série de huit épisodes, plusieurs réactions s'imposent. D'abord, l'interrogation. Quel intérêt à reprendre quarante-six ans après l'un des personnages emblématiques de Vol au dessus d'un nid de coucou pour en faire la principale ''héroïne'' d'une série qui portera son nom ? Quelle actrice sera en mesure sinon d'éclipser Louise Fletcher, du moins de l'égaler ? Et puis, vient l'inquiétude. Comment oser toucher à cet objet de fascination sans briser sa réputation en lui ''offrant'' une préquelle qui ne devrait avoir d'intérêt que pour des producteurs avides de billets verts et voulant se remplir les poches en réutilisant le nom d'un personnage certes, hyper charismatique ? Remercions tout d'abord que le créateur de Ratched Evan Romansky n'ait pas eu la sombre (et idiote) idée de donner le rôle de Randall Patrick McMurphy à un ersatz de Jack Nicholson. Le personnage, d'ailleurs, est absent du récit. Ce qui semble fort logique puisqu'en l'état, la série se déroule bien avant la rencontre entre l'infirmière en chef Mildred Ratched et celui qui deviendra plus tard l'un de ses patients les plus délicats à traiter.


Passé un premier épisode en forme de mise en bouche relativement amère, Ratched révèle ensuite son fort potentiel en terme d'addiction. Il faudra cependant traiter la chose non pas comme la préquelle du classique de Miloš Forman mais comme une série indépendante puisque à part le personnage de Mildred Ratched, peu de choses renvoient les huit épisodes au long-métrage. En dehors du fait qu'après avoir pris ses marques au sein d'un institut traitant les maladies psychiatriques, Mildred en deviendra bientôt l'infirmière-chef, ne cherchez surtout pas à y déceler quelque indice renvoyant au monstre de froideur de Vol au dessus d'un nid de coucou. Ratched, c'est tout d'abord un univers visuel absolument incroyable. De ce point de vue là, rien à dire. Le spectateur en prend plein les mirettes. C'est beau à se damner, entre couleurs douces et décors gothiques. Une profusion et une exubérance qui transpirent par tous les pores de cet institut accueillant toutes formes de maladies parmi lesquelles il devient cependant absurde de nos jours que l'on ait pu y traiter l'homosexualité ! Et pourtant... Dans le rôle de Midred Ratched, il était inutile de s'attendre à une autre présence que celle de l'actrice Sarah Paulson, laquelle était déjà liée au développeur, créateur et réalisateur de la série Ryan Murphy avec lequel elle collabore depuis les débuts de l'anthologie American Horror Story. Exubérant, donc, mais aussi et surtout, surréaliste, du plus lointain second rôle jusqu'aux têtes d'affiche. C'est à se demander qui est enfermé et qui traite les malades. Si l'on accroche très objectivement lors des quatre ou cinq épisodes suivant le premier, il faut avouer que Ratched connaît une légère baisse de régime relative à son incapacité à se renouveler. On ne parlera même pas de la fin ouvert que l'on aurait pourtant aimer voir se refermer sur un grand coup d'éclat. Et pourquoi pas, sur un clin d’œil renvoyant directement au film de Miloš Forman. Bouder son plaisir s'avérerait pourtant malhonnête car aux côtés de Sarah Paulson, le spectateur découvrira un Finn Wittrock démentiel, une Sharon Stone exubérante, un Jon Jon Briones ambigu, une Judy Davis débordante, un Vincent d'Onofrio parfait dans le rôle de l'immonde Gouverneur George Milburn et toute une panoplie de second-rôles étonnants. Faut-il cependant prendre l'annonce d'une seconde saison pour une bonne nouvelle ? Seul l'avenir nous le dira...

 

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