J'aurais pu consacrer un
seul article au cinéaste Jean Sagols, mais le patrimoine télévisuel
qu'il a laissé derrière lui durant presque dix ans en réalisant
avec une rigueur annuelle exemplaire ce que l'on avait coutume
d'appeler à l'époque la Saga de l'été,
méritait que je lui en accorde plusieurs. J'aurais pu commencer par
écrire sur Le Vent des Moissons,
cette excellente saga paysanne incarnée entre autre par l'actrice
Annie Girardot, mais j'y reviendrai plus tard, lorsque j'aurai
achevé le double article que j'ai choisi d'aborder en forme
d'hommage à un homme de cinéma, de théâtre et de télévision qui
m'a fait rêver, et aimer la campagne française à partir de récits
pourtant parsemés d'éléments troubles. De ces individus pernicieux
qui dénaturent l'image idyllique de ces contrées qui ont su
conserver le charme d'antan et ne sont pas encore recouverts d'une
multitude de façades bétonnées. Un an après sa première Saga
de l'été,
Jean Sagols revenait durant les grandes vacances de l'année 1989
avec Orages d'Eté,
l'une de ses plus brillantes réalisations. Du moins celle qui marqua
mon adolescence de rebelle qui n'osait pas à l'époque avouer à mon
entourage extra-familial que j'adorais rester devant ce programme que
d'aucun de mon âge considéraient sans doute à l'époque de pépère,
voire de ringard. Mais je m'en fichais car le cadre me plaisait tant
que je m'y voyais déjà m'y installer lorsqu'atteinte la majorité,
je volerais de mes propres ailes. Depuis, et bien, je me suis
installé à Marseille. Loin de ces héros de fiction que je
chérissais, oui, oui.
A
commencer par Annie Girardot qui une fois encore, acceptait
d'endosser le rôle de la maîtresse de maison d'une bâtisse cette
fois-ci beaucoup plus grande. Après avoir quitté le cirque où elle
travaillait jusqu'à maintenant avec son fidèle compagnon Trapèze
(Excellent Jean Vigny, mais qui ne l'était pas, alors), Emma Lambert
rentre chez elle et retrouve son fils Maxime, miné par sa séparation
d'avec sa compagne. C'est lors du tout premier des huit épisodes
d'une heure trente environs que nous sont présentés la plupart des
principaux protagonistes de cette seconde saga signée de Jean Sagols
qui à cette occasion, outre Annie Girardot, retrouve Élisa Servier
dans le rôle de Martine, la fille d'Emma Lambert, et Gérard Klein,
dans celui de Serge, son beau-fils après leur participation au Vent des Moissons l'année précédente. On y retrouve également Alain
Doutey qui incarne cette fois-ci le personnage de Camille, au centre d'une intrigue
qui attirera de nouveaux intervenants dont la jeune Claire Nebout qui
débutait là presque sa carrière à la télévision dans le rôle
de Christine Esnault, la fille du Banquier David Esnault (Michel
Ruhl). Violée une nuit par un chauffeur de poids-lourd, Orages
d'Eté
tournera en partie autour de ce crime dont l'identité du violeur
sera immédiatement connue du spectateur tandis que le viol fera des
ravages autour des Lambert.
L'excellence
d'Orages d'Eté provient
en partie des nombreuses ramifications que connaît le scénario de
Jean-Pierre Jaubert, Catherine Lefrançois et Gilles Tourman. Lieu
central de l'intrigue, La commanderie de cette histoire (située dans
les Yvelines entre Maule et Jumeauville) n'est cependant pas le seul
puisqu'à Maule même furent tournées toutes les séquences se
déroulant au lavoir près duquel Camille promène régulièrement sa
mère clouée sur une chaise roulante (incroyable Patachou), ainsi
que celles tournées dans la maison de cette vieille dame acariâtre
ayant une très forte emprise sur son rejeton. Peu avare en
situations dramatiques, Jean Sagols va jusqu'à invoquer le passé
trouble d'Emma Lambert alors même qu'elle et ses proches doivent
déjà composer avec une Marthe et son fils Camille sources
d'innombrables problèmes, un maire haineux et escroc patenté, une
visite par un agent du fisc, une Marina (cadette des Lambert)
victimes de mauvaises intentions de la part de la mère de sa
meilleure amie (les deux filles étudient dans le même cours de
danse) ou des rapports houleux entre la chef de famille de la
commanderie et son adultère de beau-fils. De quoi nourrir les huit
épisodes sans qu'à aucun moment (ou presque) le rythme ne redescende. Autre
point positif à mettre à la charge de la saga : le dépaysement
consécutif au cadre choisit par son auteur. La superbe bâtisse et
les champs alentours, sans parler du village lui-même, participent
grandement au confort du spectateur qui peut alors à loisir se
changer les idées devant un cadre magnifiquement réconfortant
malgré tout ce que subissent les personnages en général
merveilleusement incarnés...
Énorme
succès sur la première chaîne française, Orage d’Été
ne sera cependant pas rediffusé avant dix ans, en 1998 et ne
connaîtra une sortie en dvd qu'en 2009. devant la popularité de
cette excellente saga, Jean sagols mit en scène dès l'année suivante une
suite intitulée Orages d'été, avis de tempête
comptant
cette fois-ci neuf épisodes au lieu des huit de la première. De quoi prolonger
davantage encore le plaisir. L'une des principales questions
demeurant comment remplacer Annie Girardot qui du fait, disparaissait
du casting à la fin de la première mouture. La réponse viendra
tout naturellement lorsque dès le premier épisode de la séquelle,
le spectateur découvrira une Annie Cordy s'accordant à la
perfection au personnage qu'incarnait Annie Girardot. Mais ceci est
une autre histoire que je vous conterait une autre fois...
Avec l'excellente et inoubliable Patachou !
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