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lundi 7 janvier 2019

Orages d'été de Jean Sagols (1989) - ★★★★★★★★★☆



J'aurais pu consacrer un seul article au cinéaste Jean Sagols, mais le patrimoine télévisuel qu'il a laissé derrière lui durant presque dix ans en réalisant avec une rigueur annuelle exemplaire ce que l'on avait coutume d'appeler à l'époque la Saga de l'été, méritait que je lui en accorde plusieurs. J'aurais pu commencer par écrire sur Le Vent des Moissons, cette excellente saga paysanne incarnée entre autre par l'actrice Annie Girardot, mais j'y reviendrai plus tard, lorsque j'aurai achevé le double article que j'ai choisi d'aborder en forme d'hommage à un homme de cinéma, de théâtre et de télévision qui m'a fait rêver, et aimer la campagne française à partir de récits pourtant parsemés d'éléments troubles. De ces individus pernicieux qui dénaturent l'image idyllique de ces contrées qui ont su conserver le charme d'antan et ne sont pas encore recouverts d'une multitude de façades bétonnées. Un an après sa première Saga de l'été, Jean Sagols revenait durant les grandes vacances de l'année 1989 avec Orages d'Eté, l'une de ses plus brillantes réalisations. Du moins celle qui marqua mon adolescence de rebelle qui n'osait pas à l'époque avouer à mon entourage extra-familial que j'adorais rester devant ce programme que d'aucun de mon âge considéraient sans doute à l'époque de pépère, voire de ringard. Mais je m'en fichais car le cadre me plaisait tant que je m'y voyais déjà m'y installer lorsqu'atteinte la majorité, je volerais de mes propres ailes. Depuis, et bien, je me suis installé à Marseille. Loin de ces héros de fiction que je chérissais, oui, oui.

A commencer par Annie Girardot qui une fois encore, acceptait d'endosser le rôle de la maîtresse de maison d'une bâtisse cette fois-ci beaucoup plus grande. Après avoir quitté le cirque où elle travaillait jusqu'à maintenant avec son fidèle compagnon Trapèze (Excellent Jean Vigny, mais qui ne l'était pas, alors), Emma Lambert rentre chez elle et retrouve son fils Maxime, miné par sa séparation d'avec sa compagne. C'est lors du tout premier des huit épisodes d'une heure trente environs que nous sont présentés la plupart des principaux protagonistes de cette seconde saga signée de Jean Sagols qui à cette occasion, outre Annie Girardot, retrouve Élisa Servier dans le rôle de Martine, la fille d'Emma Lambert, et Gérard Klein, dans celui de Serge, son beau-fils après leur participation au Vent des Moissons l'année précédente. On y retrouve également Alain Doutey qui incarne cette fois-ci le personnage de Camille, au centre d'une intrigue qui attirera de nouveaux intervenants dont la jeune Claire Nebout qui débutait là presque sa carrière à la télévision dans le rôle de Christine Esnault, la fille du Banquier David Esnault (Michel Ruhl). Violée une nuit par un chauffeur de poids-lourd, Orages d'Eté tournera en partie autour de ce crime dont l'identité du violeur sera immédiatement connue du spectateur tandis que le viol fera des ravages autour des Lambert.

L'excellence d'Orages d'Eté provient en partie des nombreuses ramifications que connaît le scénario de Jean-Pierre Jaubert, Catherine Lefrançois et Gilles Tourman. Lieu central de l'intrigue, La commanderie de cette histoire (située dans les Yvelines entre Maule et Jumeauville) n'est cependant pas le seul puisqu'à Maule même furent tournées toutes les séquences se déroulant au lavoir près duquel Camille promène régulièrement sa mère clouée sur une chaise roulante (incroyable Patachou), ainsi que celles tournées dans la maison de cette vieille dame acariâtre ayant une très forte emprise sur son rejeton. Peu avare en situations dramatiques, Jean Sagols va jusqu'à invoquer le passé trouble d'Emma Lambert alors même qu'elle et ses proches doivent déjà composer avec une Marthe et son fils Camille sources d'innombrables problèmes, un maire haineux et escroc patenté, une visite par un agent du fisc, une Marina (cadette des Lambert) victimes de mauvaises intentions de la part de la mère de sa meilleure amie (les deux filles étudient dans le même cours de danse) ou des rapports houleux entre la chef de famille de la commanderie et son adultère de beau-fils. De quoi nourrir les huit épisodes sans qu'à aucun moment (ou presque) le rythme ne redescende. Autre point positif à mettre à la charge de la saga : le dépaysement consécutif au cadre choisit par son auteur. La superbe bâtisse et les champs alentours, sans parler du village lui-même, participent grandement au confort du spectateur qui peut alors à loisir se changer les idées devant un cadre magnifiquement réconfortant malgré tout ce que subissent les personnages en général merveilleusement incarnés...

Énorme succès sur la première chaîne française, Orage d’Été ne sera cependant pas rediffusé avant dix ans, en 1998 et ne connaîtra une sortie en dvd qu'en 2009. devant la popularité de cette excellente saga, Jean sagols mit en scène dès l'année suivante une suite intitulée Orages d'été, avis de tempête comptant cette fois-ci neuf épisodes au lieu des huit de la première. De quoi prolonger davantage encore le plaisir. L'une des principales questions demeurant comment remplacer Annie Girardot qui du fait, disparaissait du casting à la fin de la première mouture. La réponse viendra tout naturellement lorsque dès le premier épisode de la séquelle, le spectateur découvrira une Annie Cordy s'accordant à la perfection au personnage qu'incarnait Annie Girardot. Mais ceci est une autre histoire que je vous conterait une autre fois...

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